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Ce 27 décembre 2013, comme tous les 26 ou 27 de chaque mois, nous avons eu droit au cérémonial mensuel d’annonce des chiffres du chômage.

Comme à chaque annonce chacun a joué son rôle. Le gouvernement voit dans ces annonces une confirmation qu’il est sur la bonne voie, car la progression de la hausse est plus faible. Il y a donc un ralentissement de la hausse.

L’opposition, elle, voit dans ces chiffres, l’échec de la politique gouvernementale. Pire, c’est la preuve que le Président de la République ne tient pas ses promesses. Il avait promis d’inverser la courbe du chômage d’ici la fin de l’année 2013, et ce n’est pas le cas.

Dans cette pièce, le rôle de commentateurs, est très prisé. D’ailleurs, leur nombre n’est pas limité. A chaque radio, chaque chaine de télé, chaque journal, son ou ses commentateurs, analystes, prévisionnistes... Et chacun se sert des indicateurs sortis par Pôle emploi, pour créer sa musique. Et il faut faire preuve d’originalité dans cet espace concurrentiel, pour sortir une mélodie qui accroche l’oreille des lecteurs ou auditeurs. Il faut surtout savoir créer l’événement, susciter l’attente. A chaque point d’info qui ont récédé le jour "J", chacun rivalisait d’imagination pour mettre en scène le feuilleton : «François Hollande a-t-il tenu sa promesse ? Vous le saurez le 27 décembre en écoutant…. »

En ce 27 Décembre 2013, le stress médiatique n’est pas dû au fait de savoir si des hommes, des femmes ont trouvé, perdu ou retrouvé du travail, mais de savoir si le Président de la République a tenu sa promesse. La réponse ne se cherche pas dans la vie des hommes et des femmes mais dans des courbes, des chiffres qui donnent de la matière première à tous les débats économico-politico-médiatiques.

Depuis plusieurs années, voir décennies, le rituel est le même. Certes, les acteurs politiques changent de rôle en fonction de leur positionnement du moment : Au pouvoir ou dans l’opposition.

Quant aux commentateurs, tout dépend de la ligne éditoriale du média et de la courbe de l’audimat. Il n’est pas rare de voir ou d’entendre des commentateurs dire le contraire de ce qu’ils ont pu dire ou écrire en d’autres temps.

Il n’est certes pas contestable que des statistiques sortent et servent de référence et d’appui aux analyses. Mais on aimerait parfois que les hommes et les femmes qui ne vivent pas un phénomène illustrable par des courbes, mais des situations concrètes, soient un peu plus présents, dans les analyses.

On découvrirait peut-être que la logique qui consiste à considérer le social comme un sous-produit de l’économie nous conduit à l’échec, qu’il est temps de s’intéresser aux capacités créatrices des individus pour « réinventer le travail »[1] et sa place dans la construction de notre « Vivre Ensemble ».

Le travail ne peut se résumer à son aspect quantitatif traduit par des courbes mensuelles. Le travail c’est à la fois une tâche, une création et une fierté de créer, de fabriquer, de rendre un service; c'est le sentiment d’appartenir à un collectif, à un ensemble, à une société à laquelle chacun apporte sa contribution.[2]. Le travail est un vecteur d’échange et de communication

Résumer le travail à sa dimension emploi, c’est non seulement l’atrophier, mais c’est se priver de sa capacité créatrice pour dynamiser l’économie qui doit reprendre sa vrai place, au service des hommes et de leur organisation en société.

Gaby Bonnand

[1] Réinventer le travail Dominique Meda et Patricia Vendramin Edition PUF 2013

[2] Le travail invisible. Enquête sur une disparition, par Pierre-Yves Gomez. Edition François Bourin 2013

Tag(s) : #Travail, #Emploi, #économie, #Pôle emploi
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