28 Août 2014
La situation ne va pas être facile. Plusieurs fronts seront à affronter. Ne nous y trompons pas la prestation du premier ministre a l'université du MEDEF ne se résume pas a l'analyse de façade des chaînes d'info en continu. C'est un rapport de force qui se joue. La logique neo libérale est très présente au sein de cette organisation. Mais ce n'est pas la seule. D'autres logiques existent, notamment une logique plus sociale ouverte au dialogue sociale. Il se trouve que la première a donné beaucoup de voix et a pris l'ascendant, notamment a travers les grandes entreprises françaises, qui, comme le rappelle dans un édito du 24 aout au Sud Ouest, Jean Claude Guillebaud, ont distribué aux actionnaires des dividendes en augmentation de 30 % par rapport a 2013. Manuel Valls le sait et contrairement à l'analyse rapide des chaînes d'info, je pense que manuel Valls a très clairement donné des billes à la logique sociale du MEDEF, pour mener le débat et même le combat en interne. Si Gattaz et kessler crient victoire, c'est pour maintenir l'ascendant sur l'autre ligne qu'ils veulent continuer à museler.
Un autre front s'est renforcé depuis ce matin, c'est celui composé de tous ceux qui depuis des années nous répètent qu'il faut faire une autre politique, une politique de gauche sans jamais la définir. Il est composé d'une partie du PS, du PC, du Front de Gauche, d'une partie des verts et d'une partie du syndicalisme. Ce front est de mon point de vue un allié objectif de la logique la plus libérale du MEDEF qui n'a pas du tout envie que le gouvernement de Valls réussisse.
Le troisième front est constitué par l'opposition et plus clairement l'UMP, plus divisée que jamais. Alors que Fillon refusait toute idée de cohabitation en cas de dissolution, Juppe tweetait bonne chance au gouvernement Valls, même si plus tard dans la soirée, il refusait lui aussi devant les cameras, d'envisager une cohabitation.
Le dernier front c'est le front national qui propose une alternative.
Le danger de ces 4 fronts c'est moins une capacité de réunir sur un contenu. Seules, la ligne néolibérale et la ligne du front national ont des alternatives. Aucune alternative de gauche que celle conduite par Hollande et Valls n'est possible. Le danger vient d'un amalgame de tous les "contre" pour faire tomber le gouvernement. Comme il n'y a pas d'autres alternatives a gauche, les gagnants ne peuvent être que les neo libéraux ou les frontistes. Et ce ne sont pas les arguments de Laurent Baumel qui a choisi de rester avec beaucoup d'autres sur le bord à crier "il faut arrêtez la tempête" sans prendre aucune initiative pour sauver les naufragés car les risques sont trop grands, qui vont me convaincre du contraire.
Si ce scénario arrivait et il n'est pas à exclure, il ne pourrait exister que par une abstention importante ou par la bataille de la communication remportée par ceux qui auront réussi à faire passer dans l'opinion que le gouvernement Valls est un gouvernement semblable a n'importe quel gouvernement de droite.
Dérriere une vision très simpliste entre droite et gauche sur laquelle les médias font leur choux-gras, aidé, il faut le dire, par un certain nombre d'acteurs, la réalité est plus complexe. Le monde ne se divise pas en 2 et ceux qui à gauche pensent encore que le monde se résume a cette équation sont en train de se tromper de combat et de préparer une victoire des forces néolibérales ou frontistes. Espérons que d'ici la déclaration de politique générale du Premier Ministre de nombreux députes de gauche de ressaisissent.
Le pire n'est jamais sur.
Gaby BONNAND