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Si Macron a remporté la présidentielle, et une majorité parlementaire avec un mouvement issue de la société civile et représentatif  d'une partie de celle-ci, ce n'est pas parce qu'il avait décidé que les Partis étaient dépassés.

Les partis étaient devenus obsolètes, incapables à se montrer utiles et efficaces aux yeux des citoyens. L'espace laissé vacant a été comblé par l'initiative de Macron et de LREM.

Au-delà d'une interpellation en direction des partis politiques, cette réalité signifie beaucoup plus largement qu'aucune situation, aucune place n'est aujourd’hui acquise. Nous sommes avec cette élection et le programme qui est porté par la majorité, entré de manière radicale dans l'ère de la preuve.

Ce mouvement n'est pas nouveau. La libéralisation des économies démarrée à la fin des années 70 avait placé les entreprises dans une situation de fortes concurrences obligeant celle-ci à des restructurations et des adaptations pour répondre aux besoins du marché. Cette situation, concentrée à la sphère économique a entraîné des transformations profondes des modes de production, des modes d’organisations des entreprises. Ce phénomène de concurrence accrue, qui a donné ses heures de gloire aux services marketing et communication des entreprises pour apparaître les meilleurs sur le marché, a eu des impacts sur l’ensemble de la société, sur les individus comme sur les organisations collectives.

Les institutions qui se sont structurées, modelées et formatées dans les périodes précédentes ont été bousculées. Certaines d’entre elles se sont repliées dans la résistance, pensant qu’elles pouvaient vivre comme avant dans un environnement en pleine évolution, et que leur légitimité était incontestée. Ces attitudes ont non seulement aggravé l’écart entre elles et les citoyens, mais elles ont contribué à fragiliser les protections individuelles et collectives des hommes et des femmes. D’autres organisations, analysant ce qui se passait, non pas comme des crises passagères, mais comme des transformations profondes du monde, se sont mises en mouvement.

Quand je parle des institutions, je parle de toutes les formes d’organisations sociales qui structurent la démocratie et permettent de faire société, des corps constitués aux corps intermédiaires, en intégrant toutes les formes d’organisations qui se sont progressivement mis en place pour organiser et gérer l’éducation, la santé, la protection sociale… bref la vie en société.

Parmi celles qui se sont mis en mouvement, je mentionnerais, entre autre, une partie du mouvement syndical. En effet, sous l'impulsion de la CFDT qui a entraîné la CGT, la présomption de représentativité des organisations syndicales octroyée par l’arrêté du 31 mars 1966, a été remplacée par une obligation de représentativité par des élections dans les entreprises à partir de 2008, laquelle a suscité la résistance d’une partie du mouvement syndical.

Dans la sphère politique il y a eu des essais de transformation. A droite, sous Sarkozy, est née l’idée de se transformer en retrouvant de la légitimité en s’arrimant aux peurs, aux angoisses, aux ressentis d’exclusion des populations. Ce fut un échec et le Front National s’en est trouvé banalisé.

A gauche, sous Jospin, puis Hollande et Vals, les tentatives de rompre avec la gauche héritée de la société industrielle recyclée par Mitterrand, ont toutes échouées, par incapacité collective à lier pensée et action, à repenser la démocratie et par confusion entre opportunisme et opportunité. Et comme le dit Pierre Rosanvallon[1], « Macron a été la bouée de secours de cette gauche réformatrice dont les ressorts intellectuels ont complètement implosé et qui n’existe que sous sa forme squelettique d’un social-libéralisme comme force de résistance au populisme et, résistance à certain mouvement de droite radicale ».

L’élection de Macron, au-delà d’avoir été une bouée de secours d’une gauche réformatrice sclérosée et squelettique ouvre un temps « POLITIQUE » d’accélération des transformations à l’œuvre.

Il ne s’agit pas simplement d’un mouvement qui ne concernerait que les institutions, lesquelles devant se mettre au diapason des entreprises qui auraient déjà fait leur mutation. Non pas du tout. Ces transformations concernent tout le monde, toutes les institutions, toutes les organisations publiques, privées, associatives, syndicales, politiques…, mais aussi les entreprises

Ce n’est ni en voulant que la loi précise l’utilité de chacune, ni par des opérations « marketing papiers glacé » qui vendent du vent, ni par de la résistance nostalgique, ni en s’accrochant aux formes d’organisations en oubliant leurs finalité que chaque institution, chaque organisation trouvera sa place.

La question pour toutes les institutions, organisations est celle de l’utilité et de la légitimité par la preuve.

Quel apport à la satisfaction des besoins de tous les citoyens, de se nourrir, de se loger de se soigner, de se déplacer…, tout en répondant au besoin d’équilibre d’un environnement maltraité, et d’une planète qui s’épuise ?

Quel apport à la satisfaction des besoins de liberté, mais aussi de protections individuelles et collectives des hommes et des femmes ?

Quel apport à la satisfaction des besoins de choix auxquels aspirent les hommes et les femmes dans de nombreux domaine comme aux besoins d’être accompagné dans leurs choix ?

Quel apport à la satisfaction des besoins de bien-être de tous et aux besoins de faire société ensemble ?

Voilà les questions essentielles auxquelles toutes les organisations, institutions, entreprises… sont confrontées et auxquelles elles doivent répondre par l’action concrète. Que celles qui n’y répondent pas meurent n’est pas un problème.

Si ce n’est pas par la loi, la règlementation que sera définie la place des uns et des autres, il est par contre essentiel que la loi fixe le cadre et les moyens qui permettent que se mette en œuvre toutes les réponses aux différents besoins pour lesquels il n’y a pas ni hiérarchie et de prérogatives réservées. Les entreprises existantes ne sont pas par nature les détenteurs de la définition des besoins, pas plus que les syndicats existants sont par nature indispensable à la défense des salariés.

Si le « Marketing papier glacé » avait accompagné la période de transformation des entreprises, c’est aujourd’hui l’individu, les citoyens et les organisations collectives qu’ils se donneront qui sont remis au centre. Pour cela, les moyens doivent leur être donnés

Le temps qui s’ouvre est à la fois angoissant, déstabilisant par les remises en question qu’il produit, mais passionnant, fascinant par les possibles qu’il ouvre

Gaby BONNAND

 

[1] Pierre Rosanvallon Colloque Fondation Jean Jaurès « Retour sur les élections 2017 » 7 Septembre 2017

Tag(s) : #Démocratie, #Politique
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