La réforme proposée va reprendre dans ses grandes lignes l’accord conclu entre les organisations syndicales et patronales, lors de l’ultime séance de négociation du jeudi 22 Mars. Dans la proposition du gouvernement annoncée vendredi 2 Mars par Muriel Pénicault, une seule mesure venant de lui, celle concernant l’indemnisation du chômage des indépendants, verra le jour. C’est une nouvelle prestation forfaitaire versée aux travailleurs indépendants dont l’entreprise aura été mise en liquidation judiciaire et sous certaines conditions. Bref c’est une mesure qui ne concernera pas beaucoup de monde.
Les commentaires écrits ou parlés, dans les journaux, à la radio, à la télé et sur les réseaux sociaux sont nombreux. Parfois je me dis que si le temps passé par les commentateurs était consacré, par ceux qui les font ou les écrivent, à bosser leur dossier, l’information déversée et qui inonde l’espace public pourrait nourrir un débat citoyen. Mais c’est un rêve sans grand espoir.
Je crois que s’il y avait un César pour le Chroniqueur le plus doué dans la désinformation, il faudrait le donner à Nicolas DOZE, un des éditorialistes phare de BFM. Il y aurait beaucoup de nominés, mais tout de même celui qui se détache c’est bien monsieur DOZE.
Regrettant que ce plan de réforme ne soit pas le Big-Bang annoncé, Nicolas DOZE s’en prend à L’UNEDIC et donc aux partenaires sociaux. « LUNEDIC est dans le rouge depuis 10 ans. Il y a quand même 35 Milliards € de déficit qui représente une année totale de cotisation à l’Assurance Chômage. En fait l’UNEDIC est un organisme privé qui bénéficie de la garantie de l’Etat sur sa dette. Le problème posé par l’UNEDIC c’est la dette cumulée et le sort que l’on va décider à cette dette. Est-ce qu’on va décider un sort comme la dette de la SNCF, et un jour on la requalifiera et en la nationalisant en dette d’Etat, ou est-ce qu’on va décider qu’elle va avoir plutôt le statut de la dette sociale, vis-à-vis de laquelle la loi impose d’amortir cette dette avec une date butoir ».
Petite mise au point
Ce texte de 7 lignes qui reprend les propos tenu à l’oral par ce commentateur de BFM, est court, mais il est très intense en inepties.
« LUNEDIC est dans le rouge depuis 10 ans. Il y a quand même 35 Milliards € de déficit qui représente une année totale de cotisation à l’Assurance Chômage »
10 ans exactement. 2008 c’est la date de la création de Pôle emploi par Nicolas Sarkozy. Monsieur DOZE sait-il que 10% minimum des cotisations prélevé annuellement par l’ACOSS pour le compte de l’UNEDIC, est depuis 10 ans affecté au financement de Pôle EMPLOI qui est un établissement public.
10% De 35 Milliards € = 3, 5 Milliards €
3,5 Milliards € X 10 = 35 Milliard €
35 Milliards € est égal au déficit cumulé de l’UNEDIC
Pourquoi Mr DOZE ne donne pas cette information ? Est-il nul en mathématique, est-il ignorant de ce fait ou pratique-t-il délibérément la désinformation ?
Poursuivons : « En fait l’UNEDIC est un organisme privé qui bénéficie de la garantie de l’Etat sur sa dette. 35 Milliard de dette pour un système d’assurance c’est un non-sens économique ».
Monsieur DOZE ignore la loi. L’UNEDIC n’est pas une entreprise privée qui bénéficie de la garantie de sa dette par l’Etat. L’UNEDIC est un organisme de droit privé chargé d’une mission de service public défini dans le cadre du droit. Monsieur DOZE, dans son expression fait comme si l’UNEDIC était une société d’assurance de droit privé et à but lucratif. C’est au titre de sa mission de service public collectant des cotisations considérés comme prélèvements obligatoires, que cet organisme bénéficie de la garantie de l’Etat.
Monsieur DOZE connait beaucoup de société d’assurance qui financent 80% d’un service public ?
Poursuivons encore : « Le problème posé par l’UNEDIC c’est la dette cumulée et le sort que l’on va décider à cette dette. Est-ce qu’on va décider un sort comme la dette de la SNCF, et un jour on la requalifiera et en la nationalisant en dette d’Etat, ou est-ce qu’on va décider qu’elle va avoir plutôt le statut de la dette sociale, vis-à-vis de laquelle la loi impose d’amortir cette dette avec une date butoir ».
Monsieur DOZE se rappelle qu’une loi impose aux organismes sociaux d’amortir leur dette. Bizarre cette lecture partiale de la loi. On l’ignore quand il s’agit de définir l’UNEDIC comme un établissement privé ayant une mission de service public, mais on la rappelle quand il s’agit de discréditer l’UNEDIC sur sa gestion.
Monsieur DOZE sait-il que le service public de l’emploi est composé de 4 acteurs principaux : L’Etat, Pôle emploi établissement public, financé à 80% par l’UNEDIC, de l’AFPA et de l’UNEDIC ?
Est-ce trop demander à quelqu’un qui a le titre d’éditorialiste économique, de bosser ses dossiers plutôt que bavarder ou d’animer des bavardages sur les plateaux radios ou télé ?
Gaby BONNAND