Ce qu’il s’est passé sur les Champs-Elysées ce samedi est scandaleux et doit être sanctionné sans faiblesse. Aucune expression revendicative, ne peut justifier un tel déchainement de violence et de casse.
Je ne ferais pas d’amalgame pour ne voir dans le mouvement que le l’expression d’une violence délibérée et organisée par la mouvance ultra droite. J’ai entendu la déception de nombreux individus ayant participé au mouvement en province, devant ce qui se passait sur les champs Elysée, conscients que ces actes qu’ils dénonçaient, discréditaient leur action et même leurs revendications légitimes.
Par contre j’ai entendu des gilets jaunes en colère parce que les forces de l’ordre les ont provoqués en les empêchant de manifester sur les Champs-Elysées. Au regard des images montrées à la télé, le fait que la journée se termine sans de nombreux blessés ou de morts, est essentiellement dû au force de l’ordre, les CRS dont on doit rappeler aujourd’hui que les initiales signifient « Compagnie Républicaine de Sécurité » et à leur professionnalisme.
L’expression des intérêts contradictoires est une des caractéristiques d’une démocratie qui s’est donné pour cela des règles. C’est ce qu’on appelle un Etat de droit. Le droit exige que les organisateurs de manifestations fassent une demande d’autorisation pour manifester de façon à ce que l’expression revendicative puisse pleinement s’exercer et que la liberté, la sécurité des citoyens, manifestants et les autres soient préservées. Dans le cas présent, les Champs-Elysées avaient été interdits à toute manifestation. Tous ceux qui ont enfreint cette règle savaient qu’ils encouraient des risques de se voir repoussés. Leur colère contre les forces de l’ordre est inentendable et déplacée. Certes certains ont pu se faire manipuler par des meneurs qui eux savaient très bien ce qu’il en était et sont venus délibérément sur ce lieux pour en découdre et remettre en cause l’Etat de droit et la démocratie. Cette nuance dans les responsabilités n’excuse personne. On ne peut pas demander à être reconnus, respectés comme personnes, comme de nombreux gilets jaunes le réclament avec raison, et ne pas vouloir être tenus pour responsables des actes de violence délibérément perpétrés. Dans un Etat de droit, ceux qui enfreignent les règles ont tort et doivent être sanctionnés.
Dans son dernier livre « Défense de la modernité », Alain Touraine fait l’histoire de la modernité depuis qu’avec les Lumières l’homme a pris conscience de sa situation de créateur et non de créature à laquelle des règles immuables s’imposeraient. Il donne ainsi des clefs pour comprendre les forces et les fragilités des démocraties. Il a dans ce livre, cette phrase qui au lendemain de ce qui s’est passé sur les Champs Elysées, résonne très fort « les mouvements sociaux, s’ils révèlent l’opposition entre les dominants et les dominés, ne peuvent exister qu’à la condition que les adversaires en conflit aient conscience d’appartenir à la même civilisation, ce qui était le cas des patrons et des salariés syndiqués au travail et à l’investissement, à la productivité et à la rationalisation industrielle, quand bien même ils s’opposaient sur la défense non seulement des intérêts mais des droits des travailleurs salariés… »[1].
Le silence et l’inaction du gouvernement cette dernière semaine a accéléré la radicalisation du mouvement des gilets jaunes qui fait peser des risques sur la démocratie.
En même temps qu’il est urgent d’avoir des réponses concrètes sur les questions du Pouvoir d’Achat et de conclure un « pacte de la conversion énergétique » réclamé par la CFDT, il est indispensable que l’Etat de droit soit rétablit sans concession avec les fauteurs de troubles dont l’objectif unique et délibéré, est de remettre en cause la démocratie.
Gaby BONNAND
[1] Alain Touraine « Défense de la modernité »le Seuil Octobre 2018 p 43