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Demain le Président de la République va parler et tout le monde est suspendu à ce qu’il va dire. Je me garderais bien de lire dans le marc de café. La situation est complexe et pas seulement depuis 3 semaines ou 18 mois. Les racines de la crise remontent à loin, très loin. Nous le savons, la pratique du pouvoir de ce gouvernement a accéléré le fossé entre gouvernants et gouvernés, mais ne l’a pas créé. Sa pratique du pouvoir et ses dernières décisions sur les taxes ont joué comme un souffle sur des braises, et a déclenché une crise politique majeure.

Je suis comme tout le monde très soucieux de ce que va dire le Président demain. Je ne suis pas sûr de ce que va dire le président et incapable de dire si les événements qui durent depuis 3 semaines lui ont un peu ouvert les yeux qu’il a maintenu fermés avec l’appui de LREM, en dépit de toutes les alertes qui lui ont été lancé par des OS, des élus, parfois même par des député de son parti qui se sont fait taper sur les doigt, et même par un Ministre qui a donné sa démission en direct à la radio. Son silence depuis plusieurs jours ne me permet pas, à moi du moins, de m’avancer sur quoi que ce soit, tant son obstination depuis le début de son mandat l’a coupé de tout et de tout le monde.

Le Président n’est pas le seul à donner quelques inquiétudes à ceux qui comme moi, souhaite non seulement la fin de la crise et de la violence qui s’exprime, mais souhaitent à la fois  des réponses immédiates à des revendications légitimes qui s’imposent, et de vrais changements et dans la durée, dans les pratiques démocratiques.

Et là je dois dire que je ne suis pas rassuré du tout. Je ne vois chez les responsables politiques du pays, aucune évolution dans les schémas de pensée qui les ont tous conduit à l’échec. Pour les uns, tenants du souverainisme et/ou idéologues de l’insurrection, la crise actuelle vient valider leur conception de la société.

Le Pen et le Rassemblement National voient dans ce mouvement l’expression d’une volonté populaire pour fermer nos frontières contre le pillage des emplois et contre une immigration qui vient non seulement prendre des emplois au français mais maculé notre culture.

Mélenchon et la France Insoumise voient dans ce mouvement, qui est tout sauf pacifique dans la phase dans laquelle il est entrée depuis quelques jours, la validation de sa thèse sur l’insurrection civique d’un peuple uni, renvoyant semble-t-il à des détails la réalité des contradictions, voir des oppositions radicales qui existent dans le mouvement.

Le Parti socialiste et les chapelles qui sont nées depuis son éclatement, toutes avec l’ambition de rassembler sont plus inaudibles que jamais, comme ceux qui en mal d’égo, voudraient essayer de coller au mouvement qui leur file entre les mains chaque fois qu’ils essaient.

« Les Républicains », triste Parti et son triste sire à sa tête, soucieux que de sa place, de son égo, ne se rappelant même plus s’il a porté ou pas un gilet jaune, sont depuis 3 semaines dans l’incantation oubliant que le programme de Fillon qu’ils ont soutenu, étaient encore plus violent dans l’accroissement des inégalités. Bref le degré zéro d’une pensée politique.

Tous ont passé ces 3 semaines sans aucune interrogation sur leur propre responsabilité, et pour les Partis de gouvernement aucune interrogation sur leurs analyses et propositions qui les ont conduits à leurs échecs successifs.

Le logiciel des partis de gouvernement depuis 30 ans repose sur l’échec de celui qui est au pouvoir, pour prendre et occuper, après lui, le pouvoir et le gérer. Ainsi Dans le cadre de la cohabitation les Premiers Ministres ont changé de couleur à chaque élection législative. Depuis le Quinquennat c’est le Président qui change de couleur à chaque élection (à l’exception de Sarkozy qui succède à Chirac). Ce logiciel a perverti la vie politique et la vie des partis politique. Ce logiciel a empêché toutes réflexions de fond, toutes analyses des transformations en cours pour proposer dans le cadre de débats contradictoires, non pas des solutions mais des voies susceptibles d’emmener les hommes et les femmes de ce pays vers des horizons fait d’autres choses que de promesses incantatoires et d’opportunisme gestionnaire.

Ce soir j’ose encore croire que de cette crise sociale et politique, sortira quelques chose de nature à nous faire progresser collectivement pour mieux prendre en compte les réalités en adaptant tous, syndicats, Partis politiques, associations, collectivités locales nos propres fonctionnements, nos propres pratiques de l’écoute, du débat, de l’élaboration des propositions.

Je crois profondément à la démocratie représentative. Je ne dis pas pour autant que la manière dont on la fait fonctionner dans le pays ou dans nos organisations est parfaite. Bien au contraire. Nous devons prendre en compte par exemple le bond qu’a fait faire l’utilisation des smartphones dans la communication entre les gens ces dernières années. Et il est certain que le mouvement des gilets jaunes a accéléré les choses. Et je suis certain qu'un certain nombre de personnes qui ont participé à ce mouvement (je ne parle pas de ceux qui manipulent ou de ceux qui sont animés par la haine) pour crier leur colère et défendre des revendications (pas pour casser)  et qui auront fait l'expérience de ce que permet une action collective, à la fois comme dépassement de soi et prise de conscience d'exister, rejoindront les organisations syndicales et y prendront des responsabilités.

A la fois j’ose croire que nous sortirons par le haut de cette crise. Mais je m’inquiété aussi. Je crains que l’attente qui est mis dans la prise de parole du Président cache une volonté de la part de beaucoup de ne pas bouger.

Alors que les violences perpétrées encore ce WE est pour moi le signe que nous somme entrés dans une phase où la jonction des ultras s’est faite. Le mouvement qui s’exprime depuis quelques jours profite bien sûr de ce mouvement de colère des gilets jaunes, mais il en change radicalement la donne par la haine et les violences qui se déchainent. Il peut faire vaciller le pays.

J’espère ce soir que le Président sera demain à la hauteur et ne misera pas sur le pourrissement, par un discours lénifiant.

J’espère que le Président sera à la hauteur en prenant toutes ses responsabilités pour apporter des réponses concrètes et tracer des voies pour remettre au centre la lutte contre les inégalités, seule

J’espère que les responsables politiques ne sont pas déjà en train de préparer un nouveau souffle sur les braises, par des éléments de langage pour tout rejeter, quel que soient les annonces du Président.

Gaby BONNAND

Tag(s) : #Gilets jaunes, #Discours de Macron 10 décembre
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