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Pousser des coups de gueule, exprimer mes agacements et mes colères, me libèrent. Ces moments sont des soupapes nécessaires pour retrouver le calme et un peu de sérénité indispensable pour poser un regard plus serein sur le moment que nous vivons et les réponses à construire.

Les formes institutionnelles de notre démocratie, telles que nous les connaissons aujourd'hui, résultat d'une construction  historique, sont aujourd'hui largement interrogées et même contestées.

Au-delà des formes institutionnelles, c'est la démocratie même qui est attaquée
Ce n'est pas une particularité française comme le rappelle Pierre Rosanvallon, en parlant du  « temps populiste » comme d'une caractéristique mondiale de la période.

Mais ce n'est pas parce que ce n'est pas une particularité française que nous n'avons pas à rechercher les voies et les moyens pour ré-enchanter la démocratie. 

Le populisme qui apparaît comme le symptôme de la maladie de notre démocratie, incapable de rendre visible des situations réelles, incapable d'allier le général, le particulier et le singulier, incapable de dépasser ses formes d'organisation, se présente aussi comme une réponse politique alternative à la démocratie.

Ré-enchanter la démocratie c'est prendre les moyens pour que le populisme ne devienne pas cette réponse à notre incapacité collective à dépasser nos légitimes dénonciations et colères, mais surtout à juguler le fatalisme nourrit trop souvent dans notre pays par une aversion viscérale à la négociation et au compromis.

La colère contre le mépris des corps intermédiaires ne doit pas donner l'occasion à ces derniers de s'enfermer dans leur bulle et leur certitude de n'avoir rien à changer.

La question fondamentale posée à la démocratie est celle de sa capacité à intéresser à elle plus qu’à toutes autres formes de régime, l'ensemble des citoyens. Cette question concerne tout le monde, du Président de la République aux associations et syndicats en passant par les Partis Politiques et les institutions

Les débats autour des termes de "démocratie représentative", "démocratie directe", "démocratie participative", resteront des débats de concepts s'ils ne sont pas l'occasion pour ceux qui les portent, de regarder concrètement dans leur pratique,  ce que cela signifie dans et pour la vie concrète des citoyens.

Ces débats ne resteront que des débats de mots s'ils ne descendent pas des estrades, des tribunes et des pupitres  sur lesquels s'affrontent en direct ou à distance, des tribuns plus soucieux des effets de manche que des effets de leurs propositions sur les citoyens

Ces débats resteront des bagarres pour défendre des places s'ils ne sont pas l'occasion pour les différentes acteurs, partis politiques, élus, organisations syndicales, organisations patronales, associations... de s'interroger 
- sur leur participation réelle, dans leur champ respectif, à rendre visible la diversité de conditions et de situations des citoyens, 
- sur leur capacité à rendre possible une réelle participation des citoyens aux décisions qui les concernent
- sur leur capacité à adapter, transformer leur propres organisations pour répondre aux défis majeurs posés à la démocratie.

Ce travail d'introspection n'est pas simple. Il est d'autant moins simple que les organisations et institutions qui constituent les pilier de notre démocratie et de son fonctionnement, se sont construites, structurées dans un contexte différents de celui dans lequel nous vivons, où comme le dit encore Pierre Rosanvallon,  l'individu était défini par sa condition (ouvrier, smicard, cadre...)

Aujourd'hui, l'éclatement de la société, sa diversité, son hétérogénéité d'une part, et la volonté des individus à être reconnu, à vouloir exister d'autre part, ont conduit les individus à se sentir à l’étroit dans des formes de représentation ne prenant en compte que leurs conditions telles que définies plus haut. Les situations qu'ils vivent (logement, transport, déplacements, appartenance associative et territoriale, famille....) comptent beaucoup dans la façon dont ils se voient vivre. Le vécu de ces situations conditionne leur rapport aux institutions, au politique et donc à la démocratie. 

Le général et le particulier ne se superposent plus tout à fait. Entre le général qui risque d'uniformiser et le particulier qui risque d'atomiser, les possibles existent. Pour cela, il y a nécessité notamment pour les acteurs de la représentation sociale que sont les organisations syndicales, de travailler à des formes d’organisations  capables justement de représenter à la fois les individus dans leur diversités de conditions et de situation, et de travailler à des nouvelles formes de régulation et de relations avec les autres acteurs pour réhabiliter la négociation et le compromis, bien au-delà de l’entreprise ou la branche, comme démarche de construction, de consolidation et de pérennité de la démocratie.

Cette urgence pour les acteurs sociaux de repenser leur utilité, leur efficacité dans un contexte bien précis qu’est la période que nous vivons, n’exonère nullement le pouvoir en place aujourd’hui de l’obligation qu'il a de s’interroger lui aussi sur ses pratiques très verticales peu fécondes à l’investissement collectif des citoyens. Au contraire, Il n’y aura pas demain suite au grand débat, et plus largement de réponses entendables et entendues, acceptables et acceptées de façon durable, si elles ne sont construites collectivement.

Gaby Bonnand

Tag(s) : #Démocratie, #Populisme
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