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Ce blog est un espace d'expression. Il a pour ambition de s'inscrire dans le débat politique, social et sociétal. "Ouvertures" signifie que le débat y est possible dans le respect des valeurs qui président à des débats démocratiques: écoute, respect des individus, sincérité ... C'est un espace dans lequel tous et toutes sont invités à s'exprimer. c'est par le débat que les idées progressent et s'enrichissent. Pour ceux et celles qui le souhaitent, il est possible de s'abonner, en suivant les indications sous la rubrique "s'abonner", situé à la droite de l'article.

Lettre à des amis en proie aux doutes

Personne ne peut contester la difficulté de la période et encore moins les tensions qui traversent la société française. Ces dernières exacerbent les conflits et semblent générer des doutes exprimés sur les réseaux sociaux, par des hommes et des femmes chez certains, se disant proche de la CFDT.

Je n'ai aucun problème avec les doutes et les désaccords. Qui pourrait prétendre être certain, prétendre avoir raison tout seul ? Personne et pas moi en tous cas.

Par contre ce qui me gêne dans des propos exprimés sur les réseaux sociaux, ou du moins, ce que j'en comprends, c’est que le doute n’est exprimé qu’en direction de la stratégie de la CFDT. Seule la CFDT devrait s'interroger et même évoluer dans sa stratégie ou sa tactique. À aucun moment la question d'une éventuelle évolution de la stratégie des autres organisations et notamment de la CGT, n’est posée. Celle-ci semble par nature incontestable, comme si elle était une donnée de base qui n'est susceptible d'aucun doute, d'aucun questionnement. Elle semble être protégée par une tradition qui ferait d'elle la tenante de la bonne stratégie.

Chacun est libre de penser, de faire, d'agir selon ses convictions et ce qu'il croit le plus pertinent. La pertinence n'étant pas une science exacte, on peut être en désaccord sans que pour ma part cela pose soucis. Il faut assumer les désaccords. Il ne sert à rien d’inventer des erreurs des instances dirigeantes ou de suspecter certains dirigeants de faire le jeu du gouvernement, pour expliquer les désaccords.

Pour ce qui concerne la stratégie que je soutiens, c’est une stratégie qui est décidée en fonction d'objectifs et ceux-ci sont définis dans le cadre de débats qui confrontent des positions pour améliorer la situation des travailleurs, non pas seulement de manière théorique mais concrète. C'est la vie concrète des travailleurs qui doit changer et plus largement c’est notre façon de faire société qui doit progresser vers plus de justice sociale. les objectifs assignés à une réforme des retraites ont été construit de cette façon.

Pour ma part je pense que cette stratégie qui s'est concrétisée dans des pratiques syndicales depuis plusieurs décennies, n'est pas étrangère au fait que notre pays soit passé entre 1968 et 2016  de 12,3 points à 24 points  (alter-eco avril 2018) en terme de dépenses publiques liées aux prestations sociales et au fait également que la dépense publique totale atteigne en 2014, 57,3 % du PIB soit près de 8 points de plus qu'en 1990 (INSEE).

J'ai la conviction que dans une période de forte déstabilisation politique et idéologique des partis de gauche, et dans un regain de l'idéologie néolibérale depuis les révolutions conservatrices au R.U. et aux E.U. au début des années 80, l'action des forces sociales a participé largement aux politiques de redistribution. Celles-ci ont visé à obtenir, par la négociation, des résultats concrets pour les individus et notamment les plus modestes, tant dans les entreprises que sur le plan sociétal.

On peut me répondre et à juste titre que cette stratégie n’a pas réussie à endiguer la progression des inégalités. C’est vrai pas plus que toute autre stratégie d’ailleurs. Soulignons tout de même que la progression des inégalités est une réalité mondiale  et qu’en France cette progression est plus faible que dans d’autres pays. Ça ne renforce que plus l’urgence de mobilisations pour établir un rapport de force capable de porter des revendications pour combattre ces inégalités.

Durant toute cette période des décennies 1990- 2019, nombre de courriers ou mails m'ont été adressés ou adressés à l’organisation CFDT : En 1995 (Plan sécurité sociale), 2003 (réforme des retraites), 2009 (assurance chômage), 2014 (réforme des retraites)...

Les courriers exprimant des doutes ne m’ont jamais gêné, au contraire, ils ont suscité de l'intérêt car les doutes sont naturels et nourrissent le débat dans des périodes de fortes tensions. Par contre j’ai toujours été surpris des courriers qui exprimaient tout le bien que leurs auteurs pensaient de la CFDT tout en exprimant des doutes qui laissait entrevoir des suspicions envers les dirigeants.

Cette stratégie encore une fois n'est pas une stratégie de replis en attendant l'assaut final qui signerait la chute du néolibéralisme. Elle est une stratégie qui donne à voir une conception de la démocratie et de la manière dont on fait société. Elle ne se soutient pas uniquement par temps calme. Elle nécessite de la permanence dans le soutien. On peut là encore être tout à fait en désaccord et ça ne me pose aucun problème, à condition que ces désaccords soient assumés sans être obligé de faire le procès de dirigeants qui seraient éventuellement susceptible de trahir.

Je ne dis pas que cela conduit à dire qu'il n'y a qu'une stratégie possible mais en tous les cas je ne vois pas d'éléments et surtout pas d'autres stratégies,  qui invalideraient de facto, cette stratégie.
Je suis un syndicaliste. Je n'ignore pas la logique ultralibérale de Macron et de son gouvernement. Ma conception du travail syndical n'est pas de servir de force d'appoint à des forces politiques qui visent une alternance, mais faire en sorte d'obtenir des améliorations de conditions pour les travailleurs dans un soucis de justice sociale en organisant le rapport de force en appui aux revendications pour obtenir satisfaction par la négociation, quelque soient les pouvoirs en place.

Je ne suis bien sûr, certain de rien mais si j'étais tenté par une stratégie d'opposition radicale, la question qui me viendrait tout de suite serait la suivante : Mais quelle suite à cette opposition ? : Le retrait du projet pour un statuquo ? Une alternance politique possible dans 2 ans susceptible de nous faire passer du jour au lendemain à une société plus juste ? On a déjà donné beaucoup dans des illusions d'une gauche unie dans l'opposition et incapable de gouverner ensemble.

Après avoir été impliqué, comme dirigeant CFDT, dans une stratégie qui reconnait l'existence de conflits (qui traversent la société), et fait de la négociation un axe central de sa stratégie pour trouver des compromis, (et non pas pour abolir les conflits mais les régulier), seul moyen pour travailler à mieux vivre ensemble, je réaffirme aujourd’hui mon soutien totale à cette stratégie CFDT et à ses dirigeants qui la portent.

Gaby BONNAND

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A
Si certains proches de la CFDT soutiennent ce qu'elle est et fait et en même temps critiquent la stratégie de ses dirigeants, ce peut être aussi par méconnaissance des grands axes de différenciation théorique et idéologique entre partis et entre syndicats. Quand au PS on fait les yeux doux à la CGT, c'est parce qu'on s'autorise à oublier temporairement le fond de la social démocratie, qui refuse le léninisme, les postures front de classe ou trotskystes (chez FO cette fois ci). Quand on est un parti en perte de repères, c'est tentant d'aller là où on descend dans la rue, c'est vivant, chaleureux souvent, , mais c'est avec des forces qui déployées écraseraient les gauches réformistes. Quel aveuglement! ni les militants ni l'électorat socio-démocrates ne deviendront révolutionnaires! il nous reste à ré-enseigner l'histoire du mouvement ouvrier et la Charte d'Amiens.
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M
L'ampleur et la nature de cette réforme nécessitait pour le moins un deal avec UNSA, FSU, CGT et FO sur du qualitatif et du quantitatif. En l'absence d'un tel accord on ne récoltera que des tensions. La violence qu'il y a eu avec les "gilets jaunes" auraient du nous montrer pôle fédérateur et non source de conflits.
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