Entre
- Un gouvernement qui a refusé de s’engager dans une co-construction d’un projet qui nécessite le plus large accord possible, en multipliant les erreurs et les approximations,
- Ceux qui ont préféré se réfugier dans un concourt de dissertation pour proposer le meilleure projet du monde sur le papier, confondant souvent labo de recherche et réalité sociale,
- Plusieurs organisations syndicales qui ont préféré rester dans l’opposition laissant les salariés livrés à eux-mêmes face à leur réalité concrète,
- Et une opposition politique qui confond Assemblée Nationale et théâtre national, réduisant la fonction de représentant du peuple à un rôle médiocre d'acteur de mauvaise série
Notre démocratie est gravement malade
Laurent Joffrin dans sa lettre politique du 2 Mars, nous brosse un tableau des résultats immédiats de cette grave maladie
"La réforme de Pandore
C’est une réforme nommée Pandore. On se souvient que Zeus-Jupiter offrit aux mortels une boîte mystérieuse, que Prométhée conseilla de renvoyer aussitôt. Curieuse, Pandore ouvrit néanmoins la boîte et mille maux s’en échappèrent pour s’abattre sur la pauvre humanité. Telle est la réforme des retraites. Offerte aux Français par Jupiter-Macron, elle fut deux ans confinée dans un cénacle dirigé par Jean-Paul Delevoye. Mais à peine celui-ci ouvrit-il le couvercle en la rendant publique, que mille maux s’abattirent sur la pauvre France. C’est une application inattendue du «en même temps» cher à la macronie : mécontenter tout le monde en même temps. La réforme vient des milieux de la gauche «réformiste». Mais plus on en sait sur son contenu, plus les mêmes milieux expriment leur mécontentement. Les économistes qui la proposaient la critiquent ; la CFDT qui la soutenait se gendarme avec une mauvaise humeur croissante. Les groupes censés en profiter, ne sachant à quelle sauce ils seront accommodés, sont saisis d’inquiétude. Les professions dont le régime est réformé sont aux cent coups. Les professeurs grondent, les fonctionnaires grognent, les avocats jettent leur robe, les médecins raccrochent leur blouse, les cheminots et les agents de la RATP sont en colère. La majorité se lézarde, plusieurs députés En marche claquent la porte. La droite déplore l’usine à gaz et demande qu’on s’en tienne à des économies. Le Medef s’angoisse et se raidit quand on lui réclame des concessions. La boîte de Pandore touche autant l’opposition. La CGT et les syndicats «radicaux» lancent un mouvement massif qui n’aboutit à rien. Le PCF et La France insoumise organisent l’obstruction au Parlement, sans résultat, sinon d’obliger le gouvernement à un 49.3 qui coupe court à la discussion et fait planer le spectre de l’autoritarisme. Voté à l’Assemblée, le texte ira au Sénat. Mais Gérard Larcher y fait rempart de son corps, ce qui n’est pas un mince obstacle. Tout le monde invective tout le monde, le ton monte, les insultes fusent, les violences verbales se multiplient. Au bout du compte, le pays est plus divisé que jamais. Le gouvernement perd en popularité et l’opposition n’y gagne pas. Grogne, amertume, colère, zizanie et discorde. Le tout «en même temps». Pourtant on aurait pu arriver à un compromis, au moins entre partenaires sociaux autour d’un projet amendé, débarrassé des mesures d’âge par trop rigoureuses, qui prenne en compte la pénibilité, indique à chacun ce que sera sa retraite, fixe des règles de gouvernance claires et démocratiques. Mais c’est un rêve, qui vaut pour l’Olympe et non pour les mortels". |
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