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En campagne électorale, il est très important de regarder de près le profil des candidats. Dans la 8° circonscription dans laquelle je vote, le Monde de ce jour dresse un portrait de Florian Bachelier qui est utile en période de réflexion pour le choix à faire.

Il est vrai que serais bien en peine de dresser un bilan moi-même de sa mandature. A part ses sorties dans la presse sur l'insécurité, ses rapides passages pour serrer des mains lors de quelques animations sur la commune et sa proposition d'utiliser la maison paroissiale pour héberger un médecin sur le bourg de St jacques, je suis incapable de dire plus de choses sur son action.

Alors l'article du Monde de ce jour est intéressant pour saisir ce qui fait courir Florian BACHELIER.

- Je le soupçonnais de s’arranger avec la réalité, mais je ne l'imaginais pas capable de transformer des dépenses supplémentaires en économies.

- Je le soupçonnais de ne pas être tout à fait franc du collier mais je n'imaginais pas qu'il puisse utiliser des combines contre ses propres amis politiques pour se protéger. C'est pourtant ce qu'il a fait avec Laurence Maillart-Méhaignerie.

- J'imaginais qu'il n'était pas toujours raccord entre ce qu'il proclame et ce qu'il fait, mais je n'imaginais pas un tel écart : "Au sein de la minorité de députés – une quarantaine sur 577 – qui ont consommé en totalité leur dotation dévolue aux courriers, taxis et forfaits téléphoniques figure le premier questeur. Lettres aux entrepreneurs, campagne d’affiches « Mon député, c’est Bachelier »…

Alors avant que les habitants de la 8° circonscriptions fassent leur choix, diffusons largement ce portrait pour éviter que demain beaucoup ne disent "On ne savait pas "

Je publie ci-joint l'article du Monde de ce jour qui renseigne d'avantage sur les ambitions du candidats Bachelier

Gaby BONNAND

Gaby

Le Monde Le 5 Juin 2022

"A l’Assemblée nationale, la questure au service des ambitions de Florian Bachelier

Le député d’Ille-et-Vilaine et premier questeur du Palais-Bourbon se vante des économies réalisées sous la mandature précédente. Mais les chiffres contredisent les dires de ce parlementaire aux méthodes jugées abruptes.

Il est entré dans la lumière au début du quinquennat dans son costume de « cost killer », qu’il n’a pas quitté depuis. Florian Bachelier, 43 ans, savamment coiffé-décoiffé, l’allure pressée et l’envie affichée de « faire bouger les lignes », parle cash et ne s’embarrasse pas des conventions. En juin 2017, dix jours après avoir décroché son premier mandat de député La République en marche (LRM) en Ille-et-Vilaine, il est élu par ses pairs questeur de l’Assemblée nationale. Une charge importante, confiée à trois députés – deux de la majorité, un de l’opposition –, qui consiste à gérer les quelque 540 millions d’euros de dépenses annuelles de l’Assemblée, de 900 fonctionnaires et 300 contractuels et des prestigieux salons de réception de la questure.

Florian Bachelier ne tarde pas à en faire une tribune. En novembre 2017, son « plan d’économies secret » sur le budget du Palais-Bourbon fait la « une » du Journal du dimanche (JDD) : 1 million d’euros d’ici à la fin de l’année, 10 millions en 2018, puis 15 millions par an sur le reste de la mandature… Le coup d’éclat suscite la bronca de ses collègues questeurs et du président de l’Assemblée nationale d’alors, François de Rugy, qui n’avaient pas été consultés au préalable.

Aux journalistes du JDD, il annonce la vente de l’hôtel de Broglie, acheté 63 millions d’euros, en 2016, pour loger les députés et réduire ainsi leurs frais d’hôtel. Là non plus, aucun de ses collègues n’est consulté, la mesure est rejetée. M. de Rugy et l’autre questeuse LRM, Laurianne Rossi (Hauts-de-Seine), feront adopter une charte qui contraint au vote du bureau toute transaction supérieure à 1 million d’euros. Qu’importe, le message est passé et il sera répété à de nombreuses reprises pendant le quinquennat. « A l’Assemblée nationale, la bamboche avec l’argent public, c’est terminé ! », a répété Florian Bachelier, en mars, au micro de France Bleu Armorique.

A l’heure où le député de la 8e circonscription d’Ille-et-Vilaine sollicite de nouveau les suffrages de ses concitoyens, vantant son bilan de premier questeur et les « 96,2 millions d’euros d’argent public [économisés] en cinq ans », le constat inverse s’impose. Sous cette XVe législature, l’Assemblée nationale a davantage dépensé que lors de la précédente et, pour Florian Bachelier, la questure est devenue un moyen pour se hisser dans les premiers cercles de la Macronie.

Sorties médiatiques

A peine arrivé, le député se fait le chantre de la « transformation » de l’Assemblée à la sauce « start-up nation ». Achat de tablettes tactiles, installation du Wi-Fi… Il multiplie les investissements symboliques, mais aussi les sorties médiatiques pour s’attribuer les fruits des réformes mettant fin aux spécificités du statut parlementaire, comme la suppression du régime spécial de retraites pour les députés ou l’alignement de leur régime d’assurance-chômage sur le droit commun. Au point d’en oublier la nécessaire collégialité des décisions de la questure et de braquer pour longtemps une partie de l’institution. Evénement passé presque inaperçu : près de 300 membres du personnel (sur 1 200) ont fait grève, le 8 février, contre la réforme de la fonction publique parlementaire remise sur la table par M. Bachelier, après le premier confinement. Une mobilisation inédite sous la Ve République.

Parmi les autres décisions qui fissurent l’unité du collège des questeurs : l’augmentation de 15 % de la dotation pour les forfaits téléphoniques, les taxis et les courriers, proposée par Florian Bachelier en janvier 2021. Laurianne Rossi s’y oppose, faisant valoir que la plupart des députés n’ont utilisé que la moitié de leur enveloppe en 2019 et 2020. L’augmentation sera cependant votée, grâce à la voix du troisième questeur, le député Les Républicains (LR) des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti. Si les questeurs assument d’allouer plus de moyens aux députés, les élus subissent les critiques pointant le caractère dispendieux de la mesure. D’autant que cette augmentation en suit d’autres : + 10 % pour l’enveloppe destinée à rémunérer les collaborateurs en 2018, + 30 % pour le remboursement du pied-à-terre parisien des députés en 2019, + 10 % pour le crédit d’équipement téléphonique et informatique en 2020.

Loin d’avoir permis des économies, les réformes poussées par le « cost killer » ont pesé sur le budget du Palais-Bourbon. Les dépenses, qui oscillaient entre 520 et 530 millions d’euros lors du quinquennat Hollande hors année électorale, traditionnellement plus coûteuse, du fait du renouvellement de l’Assemblée –, ont systématiquement dépassé les 540 millions d’euros sous cette mandature. Idem pour les dépenses de fonctionnement qui, chaque année, ont dépassé la dotation de l’Etat, obligeant l’Assemblée à puiser durablement dans ses réserves.

Comment expliquer les quelque 96 millions d’euros d’économies brandies par M. Bachelier ? Le député joue sur la différence entre les dépenses anticipées et celles finalement effectuées. Depuis 2018, le budget prévisionnel s’établit autour de 568 millions d’euros, contre 537 millions lors du précédent mandat. « Une telle surestimation a été fréquente dans la période récente », relève Bercy dans le projet de loi de finances 2022.

Lors de la dernière mandature, le budget prévisionnel a été systématiquement surévalué

Au sein de la minorité de députés – une quarantaine sur 577 – qui ont consommé en totalité leur dotation dévolue aux courriers, taxis et forfaits téléphoniques figure le premier questeur. Lettres aux entrepreneurs, campagne d’affiches « Mon député, c’est Bachelier »… Il utilise son enveloppe pour communiquer sur son action et sur sa personne. Quelques jours après l’entretien au JDD, un dossier de presse de dix-huit pages, dont huit pleines pages sont occupées par des photos de lui, est publié. Face aux moqueries, le document est rapidement retiré. Le député assure ne pas avoir validé sa sortie. En parallèle, ses assistants parlementaires multiplient les échanges avec les chaînes télévisées, occupent leur journée à écrire ses publications sur les réseaux sociaux, battent le rappel auprès des militants LRM lorsque le nombre de « J’aime » n’est pas suffisant. Ils expurgent de sa page Wikipedia toute mention désagréable.

« Demandes farfelues »

Ses demandes ne tardent pas à user une partie de ses assistants – Le Monde en a comptabilisé vingt-huit sur le quinquennat, soit deux fois plus que pour ses collègues questeurs. Il justifie ce turnover par la multiplication d’embauches temporaires pour des « rapports, rédactions, recherches » destinés à nourrir son travail de terrain et « l’évaluation des politiques publiques ». Selon le décompte de l’association Regards citoyens, il fait partie des 150 députés les moins actifs de ce quinquennat. Des indicateurs partiels, selon l’intéressé, car ils ne prennent pas en compte « les 161 rapports de questure » et « tout le travail en circonscription ». Dans l’Hémicycle, sa présence se résume aux votes solennels et à la séance de questions au gouvernement, retransmise à la télévision tous les mardis. Ses deux collègues questeurs, qui ont la même tâche, affichent une activité bien plus prolifique.

Dès le début de son mandat, son management est dépeint comme étant « inapproprié » envers le personnel de la questure : « pressions », « messages à toute heure du jour comme de la nuit », « demandes farfelues », comme la visite du salon de coiffure de l’Assemblée en pleine nuit… En cinq ans, trois secrétaires généraux se sont succédé à la questure. D’autres décrivent un personnel « épuisé », réclamant des rappels à l’ordre de la part des deux autres questeurs et du président de l’Assemblée nationale.

Dans son sillage s’activent aussi des stagiaires, plusieurs spécialistes de la communication, mais aussi sa compagne, Carole Gandon, qui n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations. Devenue référente du mouvement LRM d’Ille-et-Vilaine après l’élection de M. Bachelier, qui occupait jusqu’alors ce poste, elle gérera au quotidien, pour lui, ses assistants parlementaires au début de son mandat. A un candidat qui exprime son malaise après avoir passé un entretien avec elle, le questeur rétorquera que Mme Gandon officiait en tant que « référente du mouvement en Ille-et-Vilaine (…) avec qui six autres députés collaborent ». Elle ne sera pourtant jamais présente lors des processus de recrutement menés par les autres élus.

Le 11 septembre 2019, les commerçants rennais de la circonscription de Florian Bachelier reçoivent une lettre, payée sur ses fonds de député, dans laquelle il fustige l’insécurité et « les trop nombreux débordements qui ont entaché la réputation de [leur] ville ». Deux jours auparavant, Carole Gandon, nommée candidate LRM pour ravir la mairie de Rennes aux socialistes, avait lancé sa campagne sur les thèmes de la transition écologique, mais aussi de l’insécurité et du sentiment d’« abandon » des commerçants. Finalement défaite aux municipales de 2020, Mme Gandon intègre, dans la foulée, le cabinet de Nadia Hai, tout juste nommée ministre de la ville dans le premier gouvernement Castex.

C’est depuis les salons du quatrième étage de la questure, dits « 4G », que Florian Bachelier cultive son réseau. Le député communique volontiers sur la venue de Nicolas Sarkozy et celle d’Eric Dupond-Moretti, dès 2017. Il reste plus discret sur ses autres visiteurs habitués des plateaux télévisés, comme les deux figures de CNews Pascal Praud et Eric Zemmour (en 2020), ou encore le fantasque collectionneur d’objets liés à Napoléon Ier, Pierre-Jean Chalençon. « C’est quelqu’un qui essaie, de là où il est, de sentir le pouls de la société française dans toutes ses composantes : les intellos, les responsables politiques, les journalistes… Il fait partie des capteurs importants dans la Macronie », raconte un conseiller de l’Elysée.

Visites impromptues à l’Elysée

En mai 2020, il réunit autour de la même table David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale, et la chanteuse Camélia Jordana. L’artiste avait provoqué la polémique après avoir déclaré que des « hommes et des femmes (…) se font massacrer [par la police] pour nulle autre raison que leur couleur de peau ». Le ministre de l’intérieur d’alors, Christophe Castaner, avait aussitôt condamné ses propos – une réaction qualifiée en privé d’« erreur » par M. Bachelier. Le retour au Palais-Bourbon de Christophe Castaner n’améliorera pas leurs relations. Alors que les salons de la questure sont, en principe, accessibles sur demande à tous les députés, M. Bachelier refuse l’accès du « 4G » à l’ancien ministre, élu en septembre 2020 à la tête du groupe LRM.

Tentative de séduction, puis pressions, pour finalement mettre les personnes concernées devant le fait accompli… la « méthode Bachelier », telle qu’elle est surnommée par ses adversaires politiques comme par ses alliés, clive. Le 18 mai, en marge d’un débat organisé par France 3, il demande ainsi à son concurrent LR aux législatives, Maël Tournade, de se désister. S’il venait à perdre, « cela créerait un dysfonctionnement à la questure », lui déclare-t-il. Il lui suggère de se présenter dans la circonscription voisine – là où sa collègue LRM, Laurence Maillart-Méhaignerie, brigue un nouveau mandat. « Il m’a dit qu’il ne l’appréciait pas, qu’il me soutiendrait et qu’il ferait en sorte que la majorité présidentielle fasse de même », explique au Monde le candidat LR.

Maël Tournade ne cède pas. Le matin du 20 mai, date limite de dépôt des candidatures, Florian Bachelier appelle la suppléante de M. Tournade pour la décourager de se présenter, invoquant un accord avec LR. Une version confirmée par des messages que Le Monde a pu consulter. Le premier questeur affirme, pour sa part, avoir seulement « échangé sur le fait qu’il y avait un fort risque Mélenchon sur la 8e circonscription ».

A l’Elysée, on salue tout simplement son « engagement ». Mais son appui principal reste Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale. Les deux hommes se sont connus en 2016, alors qu’ils œuvraient pour installer En marche ! – l’ancien nom de LRM – en Bretagne. Le soir de son élection au perchoir, le 12 septembre 2018, Richard Ferrand attendra les résultats du scrutin dans le bureau de M. Bachelier. Depuis, le premier se repose sur le second dans cette dyarchie que forment la présidence de l’Assemblée nationale et la questure. M. Ferrand enverra ainsi le premier questeur, en septembre 2021, auprès du député LRM d’Ille-et-Vilaine Mustapha Laabid, après la condamnation de ce dernier pour détournements de fonds publics, pour exiger sa démission du groupe LRM.

Plutôt qu’homme de l’ombre ou vigie, Florian Bachelier s’imagine depuis longtemps en ministre régalien. Au printemps 2020, alors que le remaniement approche, il multiplie les messages et les visites impromptues à l’Elysée. C’est le président en personne qui le reçoit pour mettre fin à ses rêves de grandeur."

Mariama Darame et Laura Motet

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