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J’ai écouté Laurent Berger, secrétaire Général de la CFDT, ce matin sur France Inter. Il était en colère. Et il a raison. La réforme des retraites proposée par Élisabeth Borne est injuste et brutale. Ceux qui vont en payer le prix ce sont les travailleurs et les travailleuses les plus modestes, dans un contexte de creusement des inégalités, comme l’indique l’Insee qui montre qu'en 2020 et 2021, ce sont les plus aisés qui ont été les mieux aidés sur le plan social fiscal.

Cette mesure avant d’être une mesure concernant les retraites est une réforme qui concerne les finances publiques.

Il faut bien faire payer le « Qui qu’il en coûte ». Et comme Emmanuel Macron s’obstine à ne pas vouloir faire contribuer d’avantage les plus aisés à l’effort national, il fait payer aux plus modestes par une réforme des retraites qu’il présente comme une manière de sauver le système de répartition.

Je partage la colère de Laurent Berger ce matin.

Ce n’est pas le débat tout à fait légitime en démocratie sur le contenu, les contours, les fondements d’une réforme, comme celle concernant les retraites, qui me met en colère. Ce qui me met en colère  c’est la mauvaise foi, l’aveuglement, la déconnexion avec la la réalité, l’arrogance et les procès d’intention.

Colère devant la mauvaise foi quand sur les plateaux de télévision ou à la radio, les défenseurs de la réforme, comme Marc Ferracci ou Aurore Bergé, député.es "Renaissance", ou Élie Cohen, économiste, pour ne citer que de ceux et celles que j’ai entendu dernièrement sur les ondes, nous parlent d’une réforme nécessaire et indispensable pour sauver le système par répartition, considérant ceux et celles qui s’opposent comme des irresponsables, des dépensiers et hors du temps puisqu’en Europe tous les pays vont dans le sens du recul de l’âge.  Or toutes ces personnes savent très bien qu’il s’agit plus d’une reforme ayant un objectif de redressement des finances publiques que d’une réforme des retraites. Les perspectives financières ne nécessitent aucune mesure d’urgence.

La mauvaise foi c’est aussi considérer que le vote pour Macron au 2° tour vaut référendum pour la réforme des retraites. C’est une mauvaise foi évidente que d’ignorer le contexte de l’élection avec le Front National aux portes du pouvoir. Laurent Berger a bien fait de rappeler ce matin la tribune signée par lui et Philippe Martinez à la veille du second tout pour faire barrage à l’extrême droite en votant Macron. Le vote Macron au 2° tour a été un vote contre l’extrême droite et pas un appel à réformer les retraites comme il le fait.

Colère devant l’aveuglement et la déconnexion avec les réalités, quand les mêmes et bien d’autres encore n’arrivent à aucun moment à sortir d’un discours rationnel, technique,  jonglant aisément avec des chiffres qui ne reflètent que des moyennes sans jamais s’intéresser à la vie réelle des individus, nous faisant presque croire que l’économie est une science exacte.

Colère devant l’arrogance de ceux et celles qui nous expliquent avec beaucoup d’aplomb, que cette réforme est la "voix" ou la "voie" de la raison, qu'on ne peut plus vivre à crédit, que c'est irresponsable de laisser une dette à nos enfants et petits-enfants et que nous somme le pays d'Europe qui avons un taux de prélèvements obligatoires (44,6% du PIB) le plus important. J’aurais aimé entendre de leur part, cette même mise en garde d’une dette qui se creuse lorsque le gouvernement a adopté des mesures fiscales pour aidés les plus aisés. Mais non. Pour eux, la dette ne semble se creuser que par des mesures de lutte contre les inégalités.

Colère aussi devant ce procès fait en manque de courage à la CFDT et à son Secrétaire Général. Laurent berger a raison de dire de matin que la CFDT n’a pas changé de ligne. C’est le Président Macron lui-même qui a changé. En 2017, c’est lui qui disait que repousser l’âge de la retraite était une mesure injuste.

Il est proprement scandaleux d’entendre ce type de procès à l’encontre d’une organisation et de ses responsables qui n’ont de cesse de travailler contre les fractures de la société, par la voix de ceux qui ont conceptualisé une démocratie sans corps intermédiaires. Il faut aujourd’hui qu’ils assument en pleine conscience ce qu’ils proposent sans faire de procès à quiconque, sans diaboliser les opposant, sans les accuser de manque de courage.

Les manques de courage sur ce dossier comme sur celui de la lutte contre les inégalités, ne sont pas à chercher du côté de la CFDT.

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