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30 Juillet 2018
C'est l'été, les vacances. J'avais envisagé de ne pas poster de blog durant ce temps estival mais Muriel Pénicaud ce matin sur France Inter me fait rompre ma résolution.
Elle était l'invitée du grand entretien dans la matinale de France inter. Les questions d'emploi, de formation, d'apprentissage, d'assurance chômage étaient à l'ordre du jour.
Pas toutes inintéressantes les perspectives de la ministre du travail sur la place de la formation, de l'apprentissage pour sécuriser d'avantage les parcours des individus.
Mais le discours est ambigu car si les intentions sont louables, il est difficile de voir concrètement comment elles vont se mettre en œuvre dans le cadre d'une organisation des systèmes recentralisée, alors que les réponses nécessitent un travail au plus près des écosystèmes locaux avec les acteurs qui les font vivre.
Mais ce qui m'a fait reprendre le crayon ou plutôt le clavier, c'est la réponse de Muriel Pénicaud à une question d'un coiffeur rapportant qu'il ne trouvait pas de personnel et que très souvent, lui et ses pairs étaient confrontés à des demandes de ruptures conventionnelles car les gens préféraient être au chômage plutôt que de travailler.
Au-delà du fait que l'auditeur soit resté très vague, ne donnant aucun élément concret attestant ses dires, la ministre du travail s'est engouffrée dans cette brèche pour encore une fois développer l'idée que le système actuel d'assurance chômage ne permettait pas une incitation assez forte au travail.
Dans le viseur de la ministre, un système trop généreux dans le montant des indemnités. Comprenez par là qu'il serait, selon la ministre, urgent
Faut-il rappeler que la dégressivité a déjà existé. Toutes les études* ont montré que cette mesure n’a eu aucun effet sur la reprise d'activité.
Concernant la mesure appelée "activités réduites", faut-il rappeler qu'elle a été mise en place dans l'assurance chômage au moment où cette dernière était critiquée, car « le système du tout ou rien » créait un effet de seuil pouvant conduire des chômeurs à ne pas reprendre un travail moins bien rémunéré et constituait donc un frein à la reprise d'un travail.
Cette mesure consistant à verser une partie des indemnités en complément d'un travail moins bien rémunéré a voulu répondre à cette situation. Et cette mesure est victime de son succès.
Certes, des employeurs dans certaines branches ont usés et abusé de cette mesure. Elle a probablement besoins d'être régulée, réadaptée pour répondre aux situations d'aujourd'hui.
Au motif que cette mesure favoriserait la précarité et pas la reprise d’emploi, le gouvernement veut mettre fin à cette mesure. En fait cette mesure coute chère. Elle fait probablement partie ce « Pognon de dingue » dépensé pour les pauvres.
Je redis qu'il est nécessaire de réformer l'assurance chômage.
L'idée avancée par le candidat Macron de faire de cette assurance chômage un moyen permettant à un plus grand nombre (y compris les autoentrepreneurs) de bénéficier d'une sécurité en cas de perte d'emploi, était séduisante.
Aujourd'hui dans les travaux pratiques, au moment où l'avenir ne se joue pas sur les estrades mais dans la réalisation concrète de dispositifs, les choses sont nettement moins séduisantes.
Sans faire de procès d’intention, j’attends et je ne suis pas le seul que le gouvernement démontre comment, en élargissant le nombre de bénéficiaires (même si l’élargissement est très très faible), avec un objectif de réduction de la dépense, les mesures envisagées par Muriel Pénicaud ce matin s’inscrivent dans une volonté de combattre la précarité. J’avoue très honnêtement ma perplexité.
Pour Muriel Pénicaud, ces mesures doivent être discutées à la rentrée. Souhaitons effectivement que de véritables discutions s’engagent entre les Organisations syndicales et les organisations patronales sur l’assurance chômage.
Nous avons le sentiment, depuis plusieurs mois, que pour le gouvernement, passer par la négociation avec les partenaires sociaux ne serait qu'une question de procédure à respecter qui n'empêche nullement le gouvernement de faire adopter les mesures qu'il préconise
Plusieurs organisations dont FO et la CFDT ont mis en garde le gouvernement contre une stratégie d'instrumentation des négociations.
Laurent Berger a dit que la CFDT n'acceptera pas d'entrer en négociation avec une feuille de route gouvernementale qui fixerait le contenu du compromis.
Le gouvernement et la ministre du travail feraient bien de respecter un peu mieux les acteurs de la négociation.
Bien sûr, le gouvernement ne craint pas de se trouver devant une forte mobilisation s’il piétine les partenaires sociaux, même s’il rogne les droits de chômeurs. Mais cette apathie générale n’est ni le signe d’une approbation des mesures gouvernementales ni un signe de vitalité démocratique.
Gaby Bonnand
* https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/pbrief/2016/pbrief04.pdf