Ne pas se laisser envahir par le buit des cymbales.

Dans une période où la vie politique est dominée par les extrêmes, il ne faut pas s'étonner que ceux et celles qui essaient de trouver des voies de passage en s'appuyant non pas sur de  la théorie, mais sur la vie réelle des gens, passent pour des mous dans le meilleur des cas ou des traîtres dans le pire.

Les extrêmes ont en commun une analyse très globale des réalités qui engendre des propositions visant à proposer un projet de société global. Rien n'échappe à cette vision globale. L'avenir est pensé dans sa totalité et les propositions qui en sortent forment un tout intouchable.

Une telle approche ne laisse aucune place à la discussion et encore moins à la négociation avec d'autres composantes de la société et surtout pas avec les citoyens eux-mêmes. 

L'histoire internationale déborde d'exemples de sociétés qui ont conduit au pouvoir des groupes politiques ayant un projet total et global pour leur pays. Ce sont des régimes totalitaires qui ne laissent aucune place à ceux qui sont en désaccord. 

Quand le débat politique se polarise à ce point sur les extrêmes, l'espace public n'est plus un lieu de débat mais un terrain de lutte "à mort" où chacun des 2 camps veut la disparition de l'autre. Tous ceux qui viennent perturber ce combat " meurtrier" ne peuvent être considérer que comme des mous ou des traîtres de la part des 2 camps..

Il est évident que dans une logique  où la mort de l'autre est recherché, ce qui ne va pas dans ce sens est à bannir au point qu'aujourd'hui  celui qui ne tient pas un langage brutal, un langage de haine envers son adversaire est un mou et un traître. 

La vie politique nationale a connu de nombreux débats au cours de son histoire qui ont opposés, pour le dire vite, des approches réformistes et des approches révolutionnaires pour transformer la société.

La période que nous vivons est caractérisée par une polarisation entre 2 approches révolutionnaires. Une que l'on pourrait appeler « révolution nationale » d'extrême droite, prenant sa source dans les théories qui ont abouti en France au régime de Vichy qui a transformé la devise républicaine "Liberté, Égalité, Fraternité" par "Travail, Famille, Patrie". Il est assez clair que le projet du RN et de toute l'extrême droite, avec la préférence nationale comme boussole, veut se débarrasser des valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité et imposer le principe d'exclusion de tous ceux qui ne nous ressemblent pas.

L'autre approche révolutionnaire est celle inspirée des théories révolutionnaires élaborées par Marx, Engels, Lénine... et qui ont donné naissance au communisme soviétique entre autre. Si cette approche s’inspire de ces théorie, il faut préciser également que ceux et celles qui portent cette approchent aujourd’hui sont d’avantage de piètres soldats au service d’une diffusion de la vulgate marxiste telle qu’elle a toujours été véhiculé dans notre pays, que  de véritables penseurs à partir de la réalité d’aujourd’hui. En aucun cas ceux-ci comme d'ailleurs historiquement les communistes français, ne peuvent prétendre au rôle de dépositaire de la pensée marxiste dans sa totalité, beaucoup plus complexe que les caricatures qu'en font ceux qui se vivent comme les dépositaires de cette pensée.

Ces 2 approches saturent l’espace public et ne laissent aucune place ou très peu à d’autres approches, notamment une approche réformiste de transformation de la société qui s’appuie sur la vie et l'implication des citoyens et de citoyennes pour transformer les réalités et la vie en société. Cette démarche n’a rien à voir avec de la mollesse, de la traîtrise ou de la lâcheté.

Le positionnement des différents acteurs politiques et sociaux suite au discours de politique générale du Premier Ministre Sébastien Lecornu, est révélateur de ce paysage politique saturé par les extrêmes.

S’opposer aux approches radicales, est devenu une urgence absolue. J'ai voulu par le livre que je viens d’écrire participer à cette réhabilitation d’un réformisme qui ne soit synonyme ni de mollesse, de traîtrise ou de lâcheté, mais la seule démarche possible pour transformer avec les citoyens  eux-mêmes, la réalité des choses.

Gaby Bonnand

Comments

[DELUZET Marc]

Tout à fait. Il ne faut pas oublier qu'Emmanuel Macron a lancé sa campagne avec un livre qui avait pour titre "Révolution" et que nous n'avons pas été déçu non plus !

[Castel Jean]

Je pense que, helas, tu oublies un autre radicalisme mortifere lui aussi. Le radicalisme religieux, qu'il soit chrétien, musulman ou juif.
Par ailleurs, je ne suis si d'accord que cela sur la différence à faire entre révolution et reformisme. La situation politique peut amener à devenir révolutionnaires des reformistes, non?
Par contre je partage ton approche dans le cadre où tu l'avances.
Cordialement