11 Décembre 2019
Que l’on soit mal parti et très mal parti pour mener à bien la réforme du système de retraite est une évidence. Le candidat Macron d’une part et le même Macron, président de la république d’autre part porte (ent) une lourde responsabilité dans ce mauvais, très mauvais démarrage.
Le président et le gouvernement ont tendu la société depuis leur arrivée au pouvoir. Ils ont non seulement ignoré les représentants de la société civile mais ils sont exacerbé les conflits plutôt de participer à leur régulation :
Toutes ces tensions, inhérentes à nos sociétés, qui nécessitent recul, démarche de concertation et de dialogue avec les différentes composantes de la société, pour consolider la confiance, ont été au contraire largement exacerbées par trop d’orgueil, d’arrogance et de certitudes, voire d’autoritarisme, durant les premières années de mandat. Attitude qui a d’avantage tendu le pays plongé déjà dans une atmosphère largement anxiogène. Elle a aggravé la crise de confiance dans nos institutions.
Le mouvement actuel, est l’expression de ces tensions et la partie visible d’un pays au bord de la crise de nerf. Si ce mouvement de cristallisation prend appui sur le projet de réforme des retraites encore largement inconnu ou plutôt très flou (et loin d’être stabilisé tant les messages envoyés par le gouvernement sont contradictoires), il ne porte en rien sur des perspectives pour corriger les inégalités que recèle notre système actuel.
Si je reconnais que dans ce mouvement, il y a des aspirations à plus de justice sociale, Je regrette tout de même que la réforme de l’assurance chômage qui, pour le coup n’était pas flou, mais totalement régressive, n’ai pas été la réforme qui cristallise la mobilisation pour manifester le désir de plus de justice sociale qui semble être convoquée dans le mouvement actuel.
Mais ce n’est pas un hasard. Les plus fragiles de nos sociétés sont les moins organisés et je regrette également fortement que la solidarité qui elle aussi, est convoquée pour s’opposer à la réforme des retraites, n’ai pas été aussi fortement convoquée lors de réforme de l’assurance chômage.
Oui, il y a des raisons d’être fortement mécontent, il y a matière à être en colère. Mais dans la période il y a aussi besoin de montrer que l’on peut encore construire des systèmes de protection sociale qui échappent à une logique ultralibérale, corrigent les inégalités et structurent notre façon de faire société.
Si je pense qu’il y a des circonstances plus favorables qu’aujourd’hui pour faire une réforme des retraites porteuses de justice sociale, je pense que la partie n’est pas perdue. Pour cela le gouvernement doit être clair. Et une réforme ne peut être acceptable qu’à un certain nombre de conditions.
Tout d’abord la réforme envisagée dans ce qui ressort du rapport Delevoye ne remet pas en cause le principe qui fonde notre système de retraite : la répartition et donc, la solidarité intergénérationnelle. La répartition a besoin d’être réaffirmer avec force, car comme le dit Philippe Frémeaux, « il est le plus sûr à tous égards et contribue à cimenter la cohésion sociale de la nation. En ce sens, le rendre plus universel va dans le bon sens. On ne peut qu'approuver une réforme qui contribue à unifier le salariat si celle-ci n'est pas le prétexte à une égalisation par le bas »[1].
Cependant si on veut donner corps à ce système qui prétend consolider la répartition un certain nombre de choses doivent être clarifiées pour faire de ce projet non seulement un projet acceptable mais un projet structurant pour notre façon de faire société.
Si demain, dans ses annonces Le premier Ministre répond à ces questions, pour ma part, il n’y aurait aucune raison de ne pas faire en sorte que cette réforme se mette en œuvre.