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Ce blog est un espace d'expression. Il a pour ambition de s'inscrire dans le débat politique, social et sociétal. "Ouvertures" signifie que le débat y est possible dans le respect des valeurs qui président à des débats démocratiques: écoute, respect des individus, sincérité ... C'est un espace dans lequel tous et toutes sont invités à s'exprimer. c'est par le débat que les idées progressent et s'enrichissent. Pour ceux et celles qui le souhaitent, il est possible de s'abonner, en suivant les indications sous la rubrique "s'abonner", situé à la droite de l'article.

Faire de la Démocratie une ZAD*

Je n'ai jamais été un adepte du "tout noir ou tout blanc". Même si je ne suis pas le mieux placé pour dire que suis plutôt dans la nuance, il me semble que la nuance ne se confond pas avec un relativisme qui conduit à considérer que tout se vaut.

La guerre que livre Poutine à l'Ukraine et au-delà aux « démocraties libérales » n'oppose pas des régimes de même nature.

Je sais qu'en disant cela, je vais me voir reprocher de manquer de nuance.

Je considère que ce qui est en jeu dans cette guerre, c'est aussi une manière de penser et de vivre en société.

Poutine le dit et le répète, il mène la guerre contre l'Occident et son mode de vie qui veut, selon lui, imposer son modèle au monde.

Si la contestation par Poutine (et par bien d’autres puissances) du modèle occidental ne rend pas les « démocraties libérales » dans lesquelles nous vivons irréprochables et loin de là Les attaques par des régimes autocrates, autoritaires, dictatoriaux, n’autorisent pas non plus à renvoyer dos à dos ces régimes et les « démocraties libérales », comme certains le font chez nous et ailleurs. Tout cela au motif que dans les dites démocraties , les inégalités progressent ou qu’elles se sont largement fourvoyées dans des formes d'interventions extérieures qui n'ont rien à envier aux autocraties.

De manière très concrète, Poutine a dans son viseur les « démocraties libérales » qui se sont dotées d'un État de droit. En conséquence, les attaques contre les « démocraties libérales » nécessitent de s'y opposer et exigent de la fermeté dans leur défense.

De ce point de vue, considérer la guerre que Poutine mène contre l'Ukraine et les « démocraties libérales » au même niveau que la guerre coloniale que menait la France en Indochine, comme le fait la tête de liste communiste aux européennes, Léon Deffontaines, en convoquant la chanson de Boris Vian « le déserteur » pour s'opposer à  la guerre, est une véritable imposture.

Non tout ne se vaut pas. Et pour ma part, je suis du côté des « démocraties libérales » contre les régimes autoritaires, autocratiques, dictatoriaux… Ça ne souffre pour moi d'aucune nuance.

Ceci étant dit, convaincu que les faiblesses, les lacunes de nos démocraties ouvrent des failles permettant aux discours les plus populistes de s’enraciner, je cherche à identifier ces failles  pour comprendre pourquoi les arguments de Poutine et de ceux qui, sans relayer précisément ceux-ci, renvoient dos à dos le régime de Poutine et les « démocraties libérales », pénètrent l’opinion.

Les critiques nécessaires des « démocraties libérales », de leurs « maux » d’aujourd’hui et d’hier, de leur vision trop souvent réductrice de la Démocratie[1], de leur arrogance, de leur centralité dans le monde, de leurs interventions extérieures, de leur volonté d'hégémonie allant jusqu'à être dans leur histoire, des puissance coloniales..., doivent être les moteurs de nos actions collectives pour faire progresser « le commun » qui n’est « ni un idéal, ni un religion , mais l’écart qui fait que la vie est la vie , en perpétuel advenir » [2], et non pas des motifs de ressentiments.

Que nos démocraties génèrent des critiques est un des fondements de la Démocratie. « Il n’y a pas de démocratie achevée qui justifierait que l’on tienne à priori pour illégitime ou dangereuse la contestation des institutions[3] »

Mais quand une partie de l’opinion abandonne la critique indispensable de la « démocratie libérale » dans sa réalité vécue, au profit d’une contestation de cette démocratie même, est pour moi une question. Une question d’autant plus importante que ces contestations se nourrissent souvent d’arguments de ceux qui veulent voir s’effondrer les « démocraties libérales ».

Comprendre le pourquoi de ce basculement est essentiel pour moi, afin de ne pas entrer dans un enfermement en me satisfaisant d’une approche générique et globale de l’idée de démocratie.

Comprendre ces remises en cause qui se manifestent par des approches qui banalisent la démocratie n’est pas une question nouvelle pour moi . 51% seulement des jeunes de 18 à 24 ans jugent important d’avoir un gouvernement démocratique[4].

A partir de différentes lectures, ce papier s’inscrit dans le prolongement d’autres papiers dans lesquels j’ai essayé d’approfondir ma façon d’approcher l’idée de démocratie[5].

Jean François Bouthors dans « Démocratie : zone à défendre[6] », s’interroge pour savoir pourquoi et comment l’intervention de Poutine en Ukraine qui veut « mettre en cause ce qu’il appelle l’hégémonie de l’Occident Global » a révélé brusquement « à peine un quart de siècle après le début du XXI° millénaire », que l’expansion naturelle de ce qui était considérée comme l’horizon pour tous, à savoir « l’extension des principes de liberté, égalité fraternité », est une illusion.

Florent Guénard[7], à partir de la question du « comment a-t-on pu décider de faire la guerre pour exporter la démocratie ?», nous invite à un voyage dans l’histoire de la démocratie, de la manière dont les philosophes, les hommes des différentes époques l’on approchée, définie, mise en œuvre, vécue et défendue.

C’est autour de cette même problématique de la démocratie que Michaël Foessel[8] traite de la question du comment faire revivre la « promesse démocratique » à partir du rapport sur l’état de la démocratie dans le monde  de l’IDEA[9]  de 2019 et intitulé « Faire face aux maux et raviver la promesse », en s’appuyant lui aussi sur l’histoire et la philosophie politique. 

Il serait fastidieux de retranscrire en quelques lignes la substantifique moëlle de ces 3 contributions, tant elles sont riches. Je ne peux qu’encourager le lecteur de ce papier à les lire. Je veux essayer simplement de dire comment ces apports viennent éclairer mon questionnement. 

Tout d’abord, chez les 3 auteurs, on retrouve l’idée qu’il serait illusoire de vouloir donner à la démocratie une seule définition « qui serait à même de réunir l’ensemble des aspirations démocratiques de la société[10] ». Tout comme est contradictoire la prétention de croire que la démocratie s’incarne dans un seul modèle qui pourrait s’imposer à tous, quelles  que soient les conditions. 

Selon les 3 auteurs, nous avons cru au triomphe de la démocratie après la chute du mur de Berlin. Les « démocratie libérales » pour lesquelles l’État de droit est consubstantiel n’ont pas vu ou pas voulu voir qu’une contre-attaque était à l’œuvre. Bien avant l’invasion de l’Ukraine par Poutine, les régimes autoritaires et illibéraux se sont engagés  dans des opérations de déstabilisation à l’intérieur des pays même et dans leur zone d’influence dans le monde, « de manière à troubler l’image même de la démocratie auprès des citoyens »[11].

Croyant ou faisant fi de croire qu’elles avaient engrangé les bénéfices de la paix, les « démocraties libérales » avec « la certitude d’être dans le bon camp[12] »  ont baissé la garde. Nous avions oublié que « loin d’être un état sans retour sur lequel les citoyens peuvent se reposer, l’idée de la démocratie désigne une dynamique dont on ne peut jamais dire qu’elle est à sens unique… [13]».

La croyance que la progression de la démocratie dans le monde était inéluctable après la chute du communisme, du fait de « l’alliance naturelle entre les lois du marché et l’approfondissement de la démocratie[14] », s’est transformée en aveuglement.

De cette volonté d’exporter la démocratie, (allant jusqu’à dériver en 2003 dans une déclaration de guerre des États-Unis contre l’Irak) est née une pensée minimaliste (pensée réaliste) de la démocratie qui s’est développée dans la 2° moitié du XX° siècle, afin de créer les conditions de son expansion.

Cette approche minimaliste ou réaliste de la démocratie a progressivement fait son chemin dans les « démocraties libérales ». Elle entend rompre  avec la pensée classique et « les interprétations excessives des prétentions philosophiques (considérées davantage comme des actes de foi que comme des propositions théoriques démontrées)[15] », qui mettent au cœur de la démocratie la participation des citoyens.

Cette approche  conçoit la démocratie comme une démarche visant à élire les dirigeants, limitant ainsi la démocratie à sa signification procédurale, s’attachant à montrer « que la démocratie est une procédure et non un régime, une organisation institutionnelle permettant de désigner les gouvernants et non un genre de vie impliquant des valeurs communes[16] ».

Sans vouloir définir un modèle démocratique qui s’imposerait à tous quelles que soient les conditions, Jean François Bouthors nous rappelle que « a démocratie est une manière d’être un peuple, qui diffère des autres régimes où le pouvoir s’impose à une collectivité. C’est par la représentation du commun que s’exerce le pouvoir. Et en cela la démocratie est irremplaçable[17] ».

Mais quand la démocratie se limite à une procédure, que par des canaux divers, le commun est déconstruit au profit de bulles émotionnelles et/ou identitaires, que le sentiment d’appartenance à un « commun » se défait, il peut arriver que ces situations conduisent  à ce que chacun se sente isolé et impuissant devant un présent difficile et un avenir inquiétant. Alors, nous dit J.F. Bouthors, il arrive que « le ressentiment prenne le pas sur la raison, que les citoyens qui ne sont plus à proprement parler « un peuple », choisissent d’abandonner leur destin à un chef à qui ils attribuent une puissance et une connaissance salvatrice[18] ».

Une perte de confiance dans la démocratie s’installe et se diffuse. Elle devient un terreau, non pas pour une critique constructive et nécessaire, une critique indispensable pour relancer la « promesse démocratique », mais pour accueillir les discours de ceux qui, ici et à l’extérieur, veulent troubler l’image de la démocratie auprès des citoyens.

En effet « Comment rendre désirable un modèle qui n’est au fond qu’un mode de désignation ? » s’interroge dans une tribune de Libération[19] Florent Guénard à l’occasion de la sortie de son livre « La démocratie universelle ».

Même si on sait qu’il y a une distance entre un idéal et une concrétisation toujours imparfaite de celui-ci à travers les institutions, s’en tenir à une approche minimaliste de la Démocratie c‘est prendre le risque « de passer à côté des dynamiques qui font l’histoire[20] ». Comment comprendre en effet que des hommes et des femmes attendent de la démocratie plus de justice, moins d’inégalités, plus de reconnaissance et que la démocratie nous fasse faire peuple, si l’approche de la démocratie est réduite à une procédure.

« On peut penser que les espoirs placés dans ce que les peuples sont prêts à nommer démocratie sont démesurés, donc voués à susciter, après coup, d’amères déceptions, bref que l’aspiration a davantage de justice, de dignité, de respect, de reconnaissance…, n’a pas grand-chose à voir avec la démocratie stricto-sensu. Mais la démocratie stricto sensu ne dit rien aux peuples qui en sont pourtant les acteurs[21] ».

Cette restriction de la démocratie à sa signification procédurale renforce dans des sociétés « dominées par l’impératif de l’efficacité économique[22] », la tendance des démocraties libérales, à ne voir dans les temps de délibérations, d’implication des citoyens, que des atteintes à l’efficacité[23]. Pour Michaël Foessel, rien d’étonnant de voir refleurir la thèse de l’efficacité des démocraties, dans un monde où « l’urgence est devenue un mode privilégié de l’action publique[24] ». Cette approche d’une démocratie minimale  dans laquelle « la valorisation du conflit, la délibération et le partage de la décision sont des obstacles à l’efficacité[25] », ne fait que renforcer la défiance envers les dirigeants des démocraties libérales et plus généralement des « démocraties libérales » elles-mêmes.

A ne voir dans la démocratie qu’un mode de désignation des dirigeants pour renforcer son efficacité afin de répondre aux enjeux du moment, en laissant de côté les citoyens, le risque est grand de voir se lever une contestation de la démocratie, au nom même de la démocratie. C’est le « populisme » qui oublie que l’histoire de notre démocratie va de pair avec le renforcement de l’État de droit. Le « populisme » qui brandit le terme « démocratie » pour contester les « démocratie libérales », ne voit dans l’État de droit qu’un frein à la souveraineté populaire, ou un boulet dont il faut se défaire[26]

Aujourd’hui, en France, une orientation qui tend à mettre l’accent surtout sur la dimension procédurale de la démocratie, au détriment d’une participation plus forte des citoyens, contribue à la montée de la défiance envers les dirigeants mais à l’encontre de la démocratie elle-même.

Au-delà, cette tendance nourrit un désenchantement qui ouvre la porte à la diffusion des thèses populistes d’ici et d’ailleurs, dans l’opinion.

S’attaquer aux thèses populistes d’ici et d’ailleurs et plus précisément dans un contexte de guerre, celle que Poutine livre à l’Ukraine et redonner vie à la promesse démocratique qui est le « langage par lequel nous exprimons notre désir de liberté et d’égalité, votre manière de donner du sens à nos luttes… [27]» nécessite :

- Une fermeté des démocraties libérales et notamment de la France vis-à-vis de l’agresseur Poutine en n’adoptant aucune attitude qui puisse faire penser à Poutine qu’il peut avoir raison des démocraties. Le régime de Poutine est un régime criminel et mafieux et doit être traité comme tel en aidant les Ukrainien sans se donner de limites à cette aide.

- Rompre dans les démocraties libérales avec la pensée réaliste qui entraîne notre démocratie sur la pente dangereuse d’une démocratie minimaliste, en redonnant aux citoyens et à leurs représentants une vraie place, en redonnant de la place et de la consistance à la délibération, seul chemin permettant de renouer avec la promesse démocratique.

- Un point que je n’ai pas abordé dans mon papier, mais qui me semble être le troisième levier à actionner, celui d’un véritable travail sur notre propre histoire, et surtout sur les heures les plus sombres que constitue la colonisation. Nous ne lutterons pas contre ce mensonge de Poutine de se faire valoir comme le représentant du « Sud global » contre l’hégémonie de « l’Occident global », qui a pris dans un certain nombre de pays du sud et particulièrement en Afrique, sans un vrai travail sur ces périodes, sans culpabilisation, mais sans minimisations des méfaits de la colonisation, comme le dit et le propose dans de nombreux écrits Pascal Blanchard.

A ce propos, je voudrais conclure , mon papier avec les mots de Amin Maalouf repris de  son dernier livre « Le labyrinthe des égarés » :

« Quand on vit comme moi en Europe, on est horrifié à juste titre, de voir que la guerre, qui a causé tant de souffrances au cours des siècles, et que l’on croyait désormais bannie du continent, puisse y être réintroduite, sous n’importe quel prétexte, par la volonté d’un dirigeant qui s’estime lésé. Mais quand on vit dans des régions du monde où les conflits se poursuivent, génération après génération, sans que la communauté internationale s’en montre particulièrement émue, on n’a pas forcément les mêmes indignations ; surtout si on est persuadé que les puissances occidentales portent une responsabilité dans les tragédies dont on a pâti, au cours des siècles, et dont on continue à pâtir… Toute puissance qui souhaite croiser le fer avec l’Occident est tentée de se présenter, d’une manière ou d’une autre, comme le porte-parole des peuples qui ont souffert du colonialisme ou des traités inégaux…En dépit de toutes les inquiétudes, je demeure persuadé que le moment d’angoisse que nous vivons pourrait se révéler salutaire ; qu’il pourrait nous amener à concevoir, pour la suite de l’aventure humaine, un autre déroulement, qui ne soit pas simplement la reprise des mêmes tragédies avec d’autres acteurs[28] ».

Gaby Bonnand

* Le titre est emprunté pour partie à Jean François Bouthors et son livre "Démocratie zone à défendre"

[1] Florent Guénard « La démocratie universelle » P 338. Le Seuil 2016

[2] J.F. Bouthors Démocratie Zone à Défendre L’aube 2023 P. 35

[3] Michael Foessel  dans « La société qui vient", ouvrage collectif sous la direction de Didier Fassin Le seuil 2022 P. 205 à 221

[4] Jean François Bouthors : Ibid.

[6] Ibid.

[7]  Florent Guénard Ibid.

[8] Michael Foessel Ibid.

[9] « Institut International pour la démocratie et l’assistance électorale »

[10] Michael Foessel Ibid.

[11] JF Bouthors Ibid.

[12] JF Bouthors Ibid.

[13] Michaël Foessel Ibid.

[14] Ibid. P. 205

[15] Florent Guénard Ibid

[16] Florent Guénard Ibid.

[17] JF Bouthors Ibid.

[18] Jean François Bouthors Ibid.

[19] Florent Guénard Libé du 4 Octobre 2016

[20] Florent Guénard “la démocratie universelle”

[21]Florent Guénard Ibid

[22] J.F. Bouthors Démocratie Ibid

[23] Michaël Foessel Ibid. et article Revue Esprit de Octobre 2020 « Interminable démocratie »

[24] Michaël Foessel dans « la société qui vient »

[25] Michaël Foessel Ibid.

[26] Michaël Foessel JF Bouthors

[27] Florent Guénard Ibid.

[28] Amin Maalouf « Le labyrinthe des égarés » le Seuil 2024 P. 431 ; 432 à 433

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M
La démocratie n'est effectivement pas un ensemble de procédures, fussent elles liées à la participation des citoyens. La démocratie (et la Paix), ce sont d'abord des valeurs, celles que les réseaux de résistants dans les camps de prisonniers et de concentration ont voulu établir pour toujours au sortir de la guerre : la liberté, la justice sociale, le bien commun et le respect de la personne humaine. Elles sont à la base de la déclaration universelle des droits de l'Homme, rédigée en 1948. Les règles procédurales de la démocratie sont encore celles qu'on a trouvé de mieux pour renforcer ces valeurs, même si des progrès sont nécessaires. Et si la Russie n'est pas démocratique, c'est d'abord parce que le régime russe ne respecte ni la dignité humaine, ni la liberté (de la presse par exemple), ni même la justice sociale. Navalny n'a jamais critiqué la guerre en Ukraine, mais la corruption. C'est pour cela qu'il était populaire et qu'il y a en Russie une aspiration à la démocratie que combat Poutine. Il construit un récit trompeur selon lequel l'autoritarisme est plus efficace sur le plan des droits humains, de la justice sociale et de la liberté. Nous savons que c'est faux. Ceux qui en France adhère à ce récit savent aussi que c'est faux, mais ils sont opposés à la justice sociale, à la liberté et se moquent des droits humains. Si les démocraties sont fragilisées, c'est qu'elles ont partiellement reculé sur la réduction des inégalités et sur les droits humains, notamment ceux des étrangers. Mais en fait, ces valeurs ne sont nullement en recul dans le monde, et avec elles, la démocratie non plus. L'Ukraine se bat d'abord pour ces valeurs ; l'Europe de l'Est n'est démocratique que depuis 30 ans ; ces valeurs progressent partout dans le monde : Chili, Brésil, Indonésie. Au grand dam des tyrans et de leurs admirateurs. Partout les dictatures sont en difficultés avec leur population : Iran, Russie, jeunesses arabes, Biélorussie, parce que les valeurs sur lesquelles reposent la démocratie sont attendues partout.<br /> <br /> L'Europe doit sans doute faire l'inventaire des dégâts de la colonisation. Mais la guerre en Ukraine est aussi une guerre de décolonisation. La Russie vise à reconquérir l'empire que la seconde guerre mondiale lui avait permis d'acquérir. Un peu comme si la France retournait avec des chars et des avions en Algérie, au motif que les dirigeants algériens empêchent les Algériens de parler français. La théorie du grand remplacement de Zémour est un paravent qui masque mal le regret et la nostalgie de l'Algérie française. Salaud de De Gaulle. Le récent attentat terroriste de Moscou, inacceptable et injustifiable, montre d'abord que la dictature ne parvient qu'à susciter plus tyrannique que soi. Le Tadjikistan est l'une des républiques les plus pauvres de la fédération russe. Vladimir Poutine n'en a pas fini avec les républiques du Caucase. Nous n'avons pas à nous glorifier de la colonisation mais en matière de décolonisation, si nous avons encore des progrès considérables à faire (je pense à la main mise de Bolloré sur le continent, un grand démocrate lui aussi, et soutien de Poutine), nous avons près de 80 ans d'avance sur le régime russe. Et cela aussi, le Sud global le sait. Le combat pour la démocratie à l'échelle mondiale est d'abord le combat pour la liberté, la justice sociale et le bien commun à l'échelle mondiale. Rien de nouveau sous le soleil, juste un changement d'échelle, avec en face la même et grande alliance de ceux qui accaparent les richesses à leur profit, cette alliance est devenue transnationale.
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