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Ce blog est un espace d'expression. Il a pour ambition de s'inscrire dans le débat politique, social et sociétal. "Ouvertures" signifie que le débat y est possible dans le respect des valeurs qui président à des débats démocratiques: écoute, respect des individus, sincérité ... C'est un espace dans lequel tous et toutes sont invités à s'exprimer. c'est par le débat que les idées progressent et s'enrichissent. Pour ceux et celles qui le souhaitent, il est possible de s'abonner, en suivant les indications sous la rubrique "s'abonner", situé à la droite de l'article.

Le piège de la primaire de la gauche

La primaire de la gauche, baptisée « primaire citoyenne » est loin d’être une primaire de toute la gauche. On en connait les raisons.

Il y a un peu plus d’un an, plusieurs personnalités appelaient à une grande primaire à gauche. On sait ce que cet appel a donné. Le refus catégorique de Jean Luc Mélenchon, de participer à une telle initiative, exprimé dès le lancement de cet appel, a été le premier coup de froid sur le chemin de la réalisation de cette initiative. Concomitamment, les frondeurs cherchant à faire de ce rendez-vous, un piège pour François Hollande, ont fini de griller une idée qui, même si elle pouvait paraître un peu naïve, aurait pu être une occasion pour la gauche de se remobiliser.

Quel que soit nos positionnements individuels, la gauche telle qu’elle est vécue dans le pays, par les individus, recouvre un large éventail, allant de Macron à Mélenchon. Bien sûr, les partisans de Mélenchon considèrent que la gauche n’est pas aussi vaste. Quant aux partisans de Macron, certain se considèrent de gauche, d’autres non. Et entre les 2, il y a tous ceux qui se disent de gauche, sans se reconnaître ni dans l’un ni dans l’autre et parfois même dans aucun des leaders politiques qui se réclament de ce côté de l'échiquier politique.

On peut ne pas être d’accord sur la définition que l’on donne à la gauche. Il se peut même qu’il y ait des ruptures radicales dans les façons de concevoir ce qu’elle doit être. Mais au regard de l’histoire, ce marqueur, même s’il ne peut être suffisant pour lire et comprendre la réalité politique, sociale, économique… d’aujourd’hui, dans un monde globalisé, n’appartient à personne. Et personne au nom d’une vérité qui lui donnerait la puissance de définir qui est de gauche et qui ne l’est pas, m’interdira de me sentir de gauche, même si je suis en total désaccord avec Mélenchon, faiblement enthousiaste par ce que propose aujourd’hui Macron, contrarié par le positionnement de Valls sur la laïcité et son goût pour l’autorité qui le rend autoritaire, agacé par Montebourg qui confond primaire et concours de beauté, attentif, mais pas naïf sur les propositions de Hamon dont la candidature est avant tout une candidature de témoignage, surpris par la candidature de dernière minute de Peillon qui m’apparaît comme un’homme hors-jeu d’une synthèse théorique hors-sol.

Ce que je revendique pour moi, je le reconnais aux autres. Je reconnais aux soutiens de Mélenchon de se réclamer de gauche, aux soutiens de Macron de se sentir de gauche ou pas.

Les sentiments d’appartenance n'ont besoin d'aucune onction de « directeur de conscience », pour être ressentis. Ceci est une réalité. Elle est à prendre en compte par tous ceux qui aspirent un jour à gouverner une démocratie en la questionnant en permanence, pour la régénérer, pour qu’elle ne dégénère point.

Ceci étant dit, tous les candidats qui veulent intéressés des électeurs qui se sentent appartenir à la gauche, doivent le faire en tenant compte d’un contexte particulier qu’est le moment politique que nous sommes en train de vivre.

Je l’ai déjà dit dans un précédent papier, c’est la première fois depuis 1945, que le candidat de la droite fédère la droite la plus conservatrice d’un point de vue sociétale et la droite la plus libérale sur le plan économique.

Par ailleurs, le Front National est aux portes du pouvoir.

Sans dramatiser, nous pouvons dire tout de même que les choses ne se présentent pas de façon la plus positive possible pour notre pays.

Les enjeux sont suffisamment importants, me semble-t-il, pour que la gauche et principalement le Parti Socialiste qui en est, pour l’instant encore, la colonne vertébrale, travaille essentiellement à créer les conditions pour que

  • Premièrement elle soit au second tour de l'élection présidentielle
  • Deuxièmement pour qu’elle gagne la présidentielle.

Si le premier objectif est de faire gagner un candidat pouvant rassembler le maximum d’électeurs qui se sentent appartenir à la gauche, je me pose réellement la question d’aller ou pas voter à la primaire de la gauche.

Un peu d’explication

2 candidats me paraissent pouvoir être en mesure de figurer au 2° tour de la présidentielle et remporter cette dernière. Ce sont Valls et Macron.

Tous les 2, au-delà de leur différence de parcours, de ce qu’ils représentent, de leurs divergences parfois sur des thèmes importants comme par exemple la sécurité ou la laïcité, ils ont une part importante de leur électorat qui est commun.

Il me parait suicidaire pour la gauche, que puisse être présent à la fois Macron et Valls au premier tour des élections présidentielles.

Pour espérer une sorte de ticket commun entre les 2 hommes (Je revendique ma naïveté, au nom de ce qui me semble être des intérêts supérieurs, mais je sais que je ne serais pas pris au sérieux), il y a deux scénarios:

  • Valls sort vainqueur de la primaire avec une forte avance, dans le cadre d’un scrutin qui a réuni plusieurs millions de votants. Les conditions sont réunies pour négocier un Ticket Valls / Macron
  • Valls n’était pas candidat à la primaire et se mettait derrière Macron dans le cadre d’un ticket Macron / Valls

Valls est candidat, Le Parti Socialiste n’a pas choisi de stratégie. Pire, par son attitude floue, il vient valider la stratégie des frondeurs, lesquels, ayant eu raison de Hollande, sont en train de transformer la primaire en un congrès élargi du Parti socialiste.

C’est un piège pour Valls qui est le candidat du bilan, pour les socialistes eux-mêmes, et bien sûr pour tous ceux et celles qui pensent encore que l’objectif de la gauche est de faire émerger et soutenir un candidat capable de battre Fillon ou Le Pen au second tour des élections présidentielles.

Dans ce cadre, voter à la primaire devient problématique. J’attendrais donc le dernier moment pour décider. 2 conditions sont nécessaires pour me faire déplacer :

  • Un soutien ferme et massif du Parti socialiste derrière Valls. Je l’ai dit plus haut, je suis gêné par certaines de ces positions, mais c’est le candidat du bilan, qui, s'il pouvait être meilleur, n’est pas nul pour autant, surtout au regard des 2 programmes qui nous attendent à droite et à l’extrême-droite
  • Une participation massive des électeurs. En dessous de 2,5 Millions et demi, le candidat qui en sortira ne sera pas suffisamment légitime

Je sais, beaucoup vont me traiter d’irresponsable.

Je ne parle pas de tous ceux qui voit déjà en moi, un social-traître, qui ose encore voir Valls comme un homme de gauche, et Macron un homme de progrès, eux qui, autoproclamés «directeurs de consciences » savent ce qu’est la vraie gauche ; Ni de ceux, mais ça sera un peu les mêmes et il ne devrait pas en rester beaucoup, qui tireront définitivement un trait sur une possible conversion de ma part à une gauche pure et dure pour laquelle la négociation est une trahison et le compromis une compromission.

Je parle de ceux et celles avec lesquels nous avons souvent des convergences de positions, d’analyses et de pensée. Pour un certain nombre de ces derniers, je fais comme si je validais le « meurtre » politique perpétrer par Macron à l’encontre de Hollande.

Même si je réponds que les principaux tombeurs de Hollande sont les frondeurs qui depuis près de 4 ans, n’ont eu de cesse de ne pas respecter le contrat qui les liaient au parti socialiste, je vais passer pour un « social libéral autoritaire» qui soutient soit celui qui a usé et abusé du 49-3 soit celui qui a osé enfreindre les règles du parti en ne se présentant pas à la primaire.

Même si je réponds que parfois on peut s’interroger sur la pertinence de la fidélité à un carcan partisan. La fidélité de Rocard au Parti socialiste et au candidat que ce dernier s’était choisi, n’a-t-elle pas privé la France d’avoir à sa tête un grand chef d’Etat ? Même si je dis qu’à analyser son action comme Premier Ministre (CSG, RMI, Accord de Nouméa…), on peut légitimement se poser la question, même avec tout ça, on me dira que Macron n’est pas Rocard (ce qui est profondément vrai), et que de toute façon, il aurait dû au moins se présenter à la primaire

Même si je dis que je suis profondément social-démocrate, comme beaucoup de gens qui se sentent appartenir à la gauche, et que ce qui m’importe dans la période, c’est de choisir un candidat capable de battre Fillon et Le Pen, capable donc de rassembler plus large que la gauche qui aime écrire des projets quand elle est dans l’opposition, plus large même que la gauche social-démocrate, je risque de passer pour quelqu’un qui n’a pas compris grand-chose à la politique.

Oui peut-être suis-je naïf. Peut-être même que je ne comprends pas grand-chose à la vie, au fonctionnement d’un parti (c’est totalement vrai), mais je suis convaincu par contre, que la primauté des égos sur des intérêts supérieurs, que la « fidélité » aux carcans partisans, au détriment d’un Pas de côté, sont, dans la période qui est la nôtre, des freins puissants à une Victoire, pourtant possible, d’un candidat porté par les forces de progrès.

Gaby BONNAND

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D
Je suis tout à fait d'accord avec toi sur Mélenchon et les candidats à la primaire socialiste. Par contre je ne pense pas que Macron puisse faire un bon président de la république pour 2 raisons :<br /> 1 Son programme et ses propositions me paraissent creux à l'image des fameux cars qui devaient libéraliser les transports en commun et créer de nombreux emplois. En réalité les cars ne sont pas très remplis et certaines entreprises qui s'étaient lancées dans cette activité ont déjà mis la clé sous la porte. De fait c'est plutôt Blablacar qui serait en train de révolutionner le transport grandes distances. <br /> 2 il n'aura probablement pas de majorité stable à l'assemblée nationale. Il ne pourra pas présenter et faire élire une majorité de députés estampillés "En marche" et je ne crois pas possible une recomposition politique au centre. D'autres ont essayé avant lui sans succès. <br /> <br /> On oublie trop souvent, me semble t-il,que les présidentielles vont être suivies de législatives et que sans majorité à l'assemblée et donc sans partis derrière lui un président, quel qu'il soit, aura du mal à gouverner.<br /> <br /> Ceci dit, je ne vois pas qui à gauche est en mesure aujourd'hui de se qualifier pour le second tour des présidentielles.Je suis moi aussi un social démocrate pour qui la recherche du meilleur compromis est l'essence même de la démocratie, mais j'ai bien peur que nous ne soyons pas majoritaires.
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T
Et si, tout simplement, par défaut par manque de tout le PS n'était-il pas en bout de course ? Totalement incapable de résoudre ses contradictions dont F.Hollande incarne encore un instant on ne peut plus cette volonté de tenir dans une même main des regards un tant soi peu divergents, il ne lui reste plus qu'à sombrer, prisonnier de lui- même, d'un appareil obsolète, de ses guerres intestines... Après tout il me semble que le PS a été dument averti des risques qui pesait sur lui ! Il n'a pas manqué de "brillantes analyses" venues de partout et nulle part pour lui signifier qu'il y avait grand péril en la demeure... Et si l'on peut supposer qu'il les a entendues elles ne lui ont servi de rien. Sourd à lui même il a continué ses errements pour finir en grand spectacle sous forme de primaire offrant à tous le plaisir morbide d'un suicide collectif. Voter Macron pourquoi pas ! Même si...
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