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Emmanuel MACRON et "En Marche" Confondent Démocratie participative et Management participatif

Une polémique s’installe depuis quelques jours dans les médias, au sujet des futurs statuts du mouvement « En Marche ».

L’écriture de statuts n’est jamais chose facile. Et il semble que le mouvement créé par Emmanuel MACRON n’échappe pas à la règle.

Plusieurs marcheurs ont saisi la justice au sujet de la procédure d’élaboration des statuts et sur une partie du contenu, celle notamment concernant la place des adhérents dans la désignation des dirigeants. « Les statuts proposés cantonnent en effet les adhérents à un rôle de supporteur et les excluent de la gouvernance, aussi bien locale que nationale. La majorité des cadres du mouvement étant désignés ou membres de droit ».

Il n’en fallait pas plus pour alimenter une polémique et des moqueries. Nombreux sont ceux parmi les détracteurs d’Emmanuel MACRON qui ironisent sur le « nouveau monde » qui puise ses sources dans « l’ancien monde », à l’image de Laurent JOFFRIN dans le libé de ce jour « Dans l’ancien monde, ce système portait un nom, le centralisme démocratique, jadis inventé par le bon Lénine ».

Dans cette polémique il y a en effet beaucoup de moqueries en direction d’un mouvement qui s’est non seulement développé rapidement, mais est arrivé au pouvoir sur une volonté affirmée de renouveler le paysage politique et la façon de la pratiquer.

Il est vrai que l’on peut être tenté de se moquer d’un mouvement qui a beaucoup mis en avant la démocratie participative et qui propose aujourd’hui dans ses statuts que les dirigeants de ce mouvement ne soient pas élus par les adhérents mais désignés, pour 75% d’entre eux.

Pour ma part, ce n’est pas vers le centralisme démocratique léniniste que je me tournerais pour une comparaison. On sait très bien que la référence d’Emmanuel MACRON, pour organiser son mouvement, ce n’est pas le Parti Communiste Français du temps où il était inféodé au PC Soviétique. Cette  comparaison est comique mais ne fait pas beaucoup avancer la question.

Ce n’est donc pas vers un parti politique que je me tournerais pour essayer une comparaison, mais vers l’entreprise.

En effet tout ce qui est écris dans les statuts concernant les comités locaux, les référents territoriaux, les instances nationales, les délégués généraux, et pour chacun de ces points, leur création, leur mission et leur fonctionnement, me semble ressortir d’avantage de manuels traitant du management participatif que de manuels d’histoire du PCF.

Je n’ai rien contre le management participatif. Il est utile au bon fonctionnement d’une entreprise, qui, par construction n’est pas un espace démocratique. Dans le monde réel de l’économie l’entreprise est un lieu hiérarchisé institué et organisé comme tel, avec, pour aller au plus simple, des propriétaires, des dirigeants et des salariés en rapport de subordination avec leur employeur.

La société, la vie de la citée c’est autre chose. Et c’est là que la polémique autour des statuts du mouvement « En Marche » vient révéler une confusion qui pourrait s’avérer dangereuse. Confusion entre DEMOCRATIE PARTCIPATIVE et MANAGEMENT PARTICIPATIF.

Cet épisode des statuts est révélateur d’une conception toute particulière de la démocratie.

Il vient éclairer d'une certaine façon la manière dont le gouvernement aborde la réforme du code du travail.

Veut-il réellement développer le dialogue social pour renforcer la démocratie sociale, ou veut-il simplement s’attacher à rendre plus performant le management participatif ?

On connait bien la rhétorique de cet univers autour de la mobilisation du personnel, du développement des individus, du rôle à donner aux « collaborateurs » pour régler les problèmes concrets (mais qui ne touchent pas à la gouvernance), à la mise en place de régulations….

Univers qui vient utiliser des termes identiques à celui de la démocratie et qui nécessite de la part du manager, sens de l’écoute, du dialogue et du respect dans le cadre d’un rapport de subordination jamais remis en cause et d’une gouvernance réservées aux actionnaires et dirigeants.

Oui Laurent BERGER a raison de hausser le ton. Sa fermeté n’est pas une posture pour cacher  une difficulté « à résister au noyau de ses troupes bien installées", comme certains commentateurs semblent le laisser penser. La question est sérieuse et nécessite de signifier très fortement les lignes jaunes à ne pas dépasser.

Le Code de travail a certes besoin de d’être réformé mais pas pour devenir un manuel de management participatif.

Gaby BONNAND

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