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Ce blog est un espace d'expression. Il a pour ambition de s'inscrire dans le débat politique, social et sociétal. "Ouvertures" signifie que le débat y est possible dans le respect des valeurs qui président à des débats démocratiques: écoute, respect des individus, sincérité ... C'est un espace dans lequel tous et toutes sont invités à s'exprimer. c'est par le débat que les idées progressent et s'enrichissent. Pour ceux et celles qui le souhaitent, il est possible de s'abonner, en suivant les indications sous la rubrique "s'abonner", situé à la droite de l'article.

Combien de temps faudra-t-il à Macron pour comprendre... le SOCIAL ?

Olivier Mongin, ex directeur de la rédaction d’Esprit, vient de publier dans le monde daté du 6 et 7 mai, une tribune remarquable[1]. Tout au moins Olivier Mongin met des mots sur le ressenti que j’éprouve depuis un certain temps à l’encontre de la manière de gouverner d’Emmanuel Macron.
Je ne veux ici m’attarder que sur une partie du texte de l’essayiste. Tout est très intéressant et formidablement bien argumenté, notamment sur les contradictions ou décalages « entre une politique hexagonale et une volonté d’agir à l’échelle européenne et mondiale… Là où on attendait une meilleure prise en compte du moment historique associant le devenir monde, le devenir de l’Europe et les évolutions hexagonales, on se retrouve le nez sur le guidon de la maison France… Il donne l’impression de jouer contre la démocratie ici alors qu’il se plaint de sa dégradation ailleurs ».

On pourrait citer les réflexions de Mongin sur la politique des Migrants, notamment celle imaginant Paul Ricœur, proche de la CIMADE, marquant « avec civilité son opposition à la politique des migrants qui se met en place ».

Je veux ici souligner la réflexion de Mongin sur la pratique d’Emmanuel Macron à conduire les réformes. Aujourd’hui dit l’auteur de l’article, « Macron pense n’avoir pas d’autre scénario que celui d’un passage en force vis-à-vis des réfractaires aux réformes », Rappelant au passage le concept développé par Ricœur « du consensus conflictuel » qui signifie « que l’action politique doit rendre possible une conflictualité pacifiée ». Et Mongin de poursuivre « A vouloir passer en force, il s’installe dans la joute verbale chère au populisme, il la conforte au lieu de favoriser une ambiance démocratique, celle qui passe par des règles permettant d’assumer le conflit ».

Voilà qui nous rappelle une vision développée par Michel Rocard. Un livre, consacré à Michel Rocard, signé d’Alain Bergounioux et jean François Merle vient justement de sortir[2]. Je ne l’ai pas encore lu mais Michel Noblecourt dans un article dans le monde daté du 3 Mai[3], nous donne envie de le lire. Dans cet article, le spécialiste des questions sociales au Monde, nous rappelle en citant les auteurs que « le socialisme rocardien n’a conçu la raison d’être de la politique que profondément articulée avec le social », insistant sur le fait que Rocard a « fait du compromis social, un outil de la transformation de la société ».

Pourquoi faire référence à Rocard et sa pensée dans cet article. Parce que Macron lui-même a dit qu’il devait beaucoup à Rocard, à tel point que selon un sondage, réalisé après le décès de Michel Rocard en Juillet 2016, les français désignaient Emmanuel Macron comme le principal héritier de Michel Rocard avec 29 % bien avant Aubry avec 22 %, Vals  18%  et Hamon, 13%[4].

Ce positionnement de Macron durant la campagne électorale n’est pas neutre dans son élection à la Présidence de la République.

Ceux qui se battent depuis des années dans des organisations syndicales, associatives, mutualistes, contre les radicalismes de tous genres, contre une vision binaire des réalités, et au contraire pour faire progresser la reconnaissance de l’existence des conflits dans notre société, et dans le même temps pour créer des lieux rendant possibles leur expression et les conditions de leur résolutions dans le cadre de négociations et de compromis, ont été nombreux à apporter leur voix à Macron. Non pas qu’ils pensaient que Macron était un nouveau Rocard, mais ils ont vu en lui quelqu’un capable de parler vrai, de penser autrement que binaire et d’agir en concertation avec les corps intermédiaires.

C’est là que le bât blesse. Macron, semble avoir privilégié de passer en force dans ses réformes en confortant de fait tous les radicalismes et comme le dit Mongin « il attise dans le pays des comportements qui ne vont pas dans le sens d’une démocratie où le conflit est collectivement pris en charge »

On peut se demander si le résultat du référendum à Air France, dans un contexte où Macron a choisi d’exacerber les conflits, donnant ainsi du poids aux organisations réfractaires à tout changement, n’est pas d’une certaine manière l’expression d’un refus de ce comportement, plus qu’une réelle remise en cause des réformes nécessaires.

Macron doit inverser la trajectoire. Mais il y a urgence.
Gaby Bonnand

 

 

[1] http://www.lemonde.fr/acces-restreint/idees/article/2018/05/05/b203fbf31108ceca8012ba6ef4a8f417_5294690_3232.html

[2] Le rocardisme, le devoir d’inventaire Le seuil.

[3] Le monde 3 mai : Rocard l’alchimiste du socialisme

[4] Sondage Odoxa réalisé pour «Paris Match» et l’émission CQFD d’i>Télé.

 

 

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M
Est ce qu'il ne comprend pas le social ou est ce qu'il refuse le social ? Est ce pour lui la société n'est pas seulement une somme d'individus ? Ces individus doivent faire preuve de dynamisme pour réussir leur vie (premier de cordée, héros...) tandis que le social c'est du corporatisme et des empêcheurs de réformer vite et bien et des gens accrochés à leurs privilèges tels des "petits bourgeois" ? C'est pourtant simple, il examine le problème, il trouve la bonne solution, il a la légitimité...il pense qu'il faut donc appliquer la réforme ! On est effectivement très loin du rocardisme et même parait il (selon les initiés) de Paul Ricoeur. On est dans le jupiterisme et ça saoule !
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D
Toujours d’accord avec toi Gaby. Je pense malheureusement qu'on en n'est pas sorti car le gouvernement se satisfait très bien d'une opposition radical et caricatural qui n'est d'accord avec rien. C'est beaucoup plus facile à vivre qu'un contre pouvoir qui revendique, demande le débat et fait des propositions. J'emploie le terme "contre pouvoir" car il n'y a pas aujourd'hui d'opposition sérieuse qui fait des contre propositions. Il n'y a que des acteurs des corps intermédiaires (syndicats réformistes et associations)
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