Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Ce blog est un espace d'expression. Il a pour ambition de s'inscrire dans le débat politique, social et sociétal. "Ouvertures" signifie que le débat y est possible dans le respect des valeurs qui président à des débats démocratiques: écoute, respect des individus, sincérité ... C'est un espace dans lequel tous et toutes sont invités à s'exprimer. c'est par le débat que les idées progressent et s'enrichissent. Pour ceux et celles qui le souhaitent, il est possible de s'abonner, en suivant les indications sous la rubrique "s'abonner", situé à la droite de l'article.

Le poumon d'une politique sociale ne peut être la générosité. Seule la solidarité effective et institutionnalisée peut la fonder

Que veut dire Emmanuel Macron quand, au cours de ses vœux à la nation le 31 Décembre 2017, il parle du "grand projet social qu'il veut déployer durant cette année qui inspire » entre autre  « notre politique sociale aidant les plus démunis"?

C'est une question qui peut paraître déplacée.

En effet, qui pourrait être contre cette orientation dans une période de l'année où la misère d'un certain nombre de nos concitoyens nous est difficilement supportable ?

Qui pourrait être contre cette ambition de générosité dans un monde fait le plus souvent de dureté, de mépris et de violence?

Personne ne peut s'opposer à ce plaidoyer.

Mais est-ce que la générosité, qui est sans conteste utile pour alléger les difficultés des plus démunis, peut être considérée comme la finalité d'une politique sociale ?

L'histoire de notre système de protection sociale, nous apprend au contraire, que sa construction est une longue histoire pour  s'émanciper d'une logique charitable ou généreuse, pour parvenir à mettre au cœur de la dynamique de nos systèmes, la solidarité nationale.

En rendant obligatoire pour tous à un moment de notre histoire, l'affiliation au système d'assurance sociale à vocation universelle, l'objectif visé était bien sûr de mettre en commun les risques pour mieux les assurer et les prévenir, mais l'objectif était aussi de faire du système de protection sociale un pilier de la lutte contre les inégalités, contribuant ainsi à faire société en solidarisant de fait les individus entre eux.

Pour les pères fondateurs de la Sécu, la solidarité organisée à travers cette institution, avait pour vocation de dépasser l'assistance qu’ils considéraient  comme « un résidu que le progrès social devait progressivement éliminer ».

Oui, la solidarité c'est autre chose qu'une politique en direction des plus démunis, laquelle est certes nécessaires et même indispensable.

Au cœur de la solidarité se trouve la lutte contre les inégalités qui mine la cohésion sociale pour laquelle la générosité n’a que peu d’effet, pour ne pas dire aucun.

"Un projet social qui inspire la politique sociale pour les plus démunis" ne renvoie-t-il pas à une conception "minimaliste", voire "hiérarchique" pour ne pas dire de classe de la protection sociale, en suggérant que ceux qui ont la chance de réussir, doivent contribuer un peu pour ceux que le système économique exclue?

La question doit être posée clairement, car derrière les questions de cohésion sociale, la question de l'organisation de la solidarité est posée dans une période d'évolution nécessaire de nos systèmes pour que ceux-ci prennent en compte les nouveaux modes de travail comme les nouvelles formes d'emplois, sans en perdre ses fondamentaux.

Faire appel à l'humanisme à la générosité ne suffit pas à fonder une politique sociale basée sur la solidarité.

Il faut rappeler que le choix qui a été fait, au moment de la création de la Sécu, en faveur de l'affiliation obligatoire aux systèmes de protection sociale et non pas à l'adhésion volontaire, s’appuie sur la conviction profonde que faire société impose des devoirs qui dans le cas de la protection sociale génère des droits.

La question des droits et devoirs si chère aux néolibéraux quand il s'agit de mettre la pression sur les chômeurs, les gens en arrêt de travail ou tout autre malade, ne se comprend pas que dans un  sens.

Oui nous avons des devoirs parce que nous bénéficions  de droits, mais n'oublions jamais que c'est le devoir de tous de contribuer selon ses moyens qui permet à un système  de solidarité  de fonctionner en générant des  droits pour tous selon  les besoins des uns et des autres, faisant de ce système un levier puissant le lutte contre les inégalités

Gaby BONNAND

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
si je partage l'esprit de ton papier, je crois que ton argumentation est assez faible, car tu confond générosité et caritatif. Tout d'abord la générosité comme esprit général et source de lien social est incontournable pour mettre en place un système de protection social. Situation qui n'est pas à confondre avec l'action des organisations caritatives ou des individus. Mais faute d'une culture sociale de l'entraide, de solidarité, d'un réel humanisme, nous sommes un pays où les solidarités mécaniques sont les plus faibles et celles organiques les plus fortes. Si notre société est moins inégalitaire (pour l'indice de pauvreté) que l'Allemagne ou la GB (minijob et contrat 0 heures), elle fait l'impasse sur la nécessité de construire une économie plus au service des personnes. Ceux qui militent dans les associations d'inclusion montrent qu'au-delà des finances c'est une place dans la société que chacun recherche et donc une société et une économie plus solidaire au-delà des aides. <br /> Cette dimension que tu soulignes me semble très importante dans la période où certains, s'appuyant sur le ras-le-bol de toujours payer pour des personnes qui soit-disant ne cherchent pas du travail et sur l'impossibilité de continuer à financer la protection sociale nous renvoie à une conception très dégradée de la solidarité par le caritatif. Heureusement que ces mouvements sont présents (finances et aides bénévoles), mais cela reste encore trop souvent du curatif. C'est à l'ensemble de la société de se questionner sur ces questions. <br /> Par ailleurs, plus que les autres formes de travail (même s'il faut avancer sur quelques idées du rapport Sirugue, notamment sortir de la pratique du droit quérable), l'enjeu actuel est surtout lié à la réorganisation du système productif qui dilue les responsabilités. <br /> Amitiés<br /> Jean Pierre
Répondre
M
je suis d'accord avec ce point de vue
Répondre